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Forum/Courrier des lecteurs

La Suisse sous l’influence d’Orban


16 janvier 2024 à 14:00

Temps de lecture : 1 min

Qu’elle ait pu se dérouler sur le sol suisse prouve que notre démocratie fonctionne. Qu’elle n’ait suscité que peu de réactions hostiles démontre que notre esprit critique décline. De quoi s’agit-il? De la conférence que Viktor Orban a tenue en novembre dernier à Zurich pour célébrer les nonante ans de la Weltwoche. Il est venu, a vu et a tenu la parole qu’il s’était promis de prononcer.

Son intervention avait le mérite de la clarté. Fidèle à ce que l’on pouvait attendre de lui, le numéro un hongrois a fortement déconseillé aux Suisses d’adhérer à l’Union européenne. Se gardant d’insister plus longuement sur l’appartenance de son pays à l’UE, il ne s’est pas privé d’attaquer une instance composée de «plein de bureaucrates au lieu de politiciens» (sic!). S’exprimant devant un parterre de complices intellectuels et autres anciens conseillers fédéraux, il jouait quasiment en terrain conquis. A savoir devant un aréopage de personnalités plus connues pour leurs diatribes antieuropéennes que pour celles proférées contre les atteintes à l’Etat de droit. Frères d’armes et alliés objectifs d’un jour et de toujours, Zurich les avait réunis, le temps d’un discours, au son et au nom de la même phraséologie, voire de la même idéologie. Plus malin qu’il n’y paraît, Viktor Orban se garde toutefois de quitter l’UE. Contrairement à ses amis britanniques, il ne compte pas en démissionner. D’une part, pour mieux la miner de l’intérieur, d’autre part pour en récolter les monnaies sonnantes et trébuchantes.

Un soutien profondément inacceptable

Etat largement bénéficiaire des aides européennes, la Hongrie sait que son avenir économique dépend de Bruxelles. Mais, parce que ça sonne bien, l’UE est le bouc émissaire rêvé pour pallier et faire oublier ses propres insuffisances et carences démocratiques. Le public zurichois l’a parfaitement compris et le message a été reçu cinq sur cinq. Certains peuvent s’en réjouir, d’autres en revanche doivent s’en inquiéter. Manifesté avec éclat depuis les rives de la Limmat, ce soutien à Viktor Orban est profondément inacceptable. Il n’existe aucune circonstance atténuante pour approuver un pouvoir qui bafoue les libertés publiques. Pourtant, le principal parti suisse l’a fait en toute connaissance de cause. Il voit en son homologue hongrois un modèle que la morale politique nous invite à répudier le plus rapidement possible.

N’existe-t-il pas d’autres formes de consensus et de concordance que celle de se conformer aux idées d’un homme ami de Poutine et ennemi juré de ce que la liberté a de plus noble en elle? Y a-t-il une quelconque fierté à voter ou à s’allier à une force politique dominante et dominatrice qui, dans son nationalisme le plus féroce, défend une vision du monde nullement en adéquation avec nos valeurs? Qui a posé ces questions lors de la venue de Viktor Orban en Suisse il y a près de deux mois? Peu de gens l’ont fait. Qu’il soit permis de le faire ici et maintenant, car aucun démocrate ne peut se contenter d’une orbanisation de la Suisse.

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