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L’énergie grippe la machine allemande

Pour raviver l’économie, les partis gouvernementaux se divisent sur une subvention aux industries grandes consommatrices d’énergie.

La production automobile allemande a enregistré un nouveau recul de 8,2% en septembre. © Keystone

3 novembre 2023 à 18:05

Temps de lecture : 1 min

Conjoncture » Comment est-il possible de faire face à des mutations de grande ampleur, comme la décarbonation et la numérisation, quand votre économie fait du surplace et que votre pays manque de main-d’œuvre qualifiée? C’est la question qui se pose à l’économie allemande, grevée par une conjoncture internationale en repli et des prix élevés de l’énergie.

Récemment, le ministre de l’Economie et du climat, l’écologiste Robert Habeck, a tenté d’y apporter une ébauche de réponse en présentant une stratégie industrielle inattendue aux patrons et syndicalistes: subventionner l’électricité. «Le pays risque de perdre sa production à forte consommation d’énergie et donc le cœur de ce qui constitue la chaîne de valeur de l’industrie allemande», a-t-il expliqué, désireux de justifier son interventionnisme dans un pas où les politiques industrielles sont généralement réduites au minimum.

«Il ne s’agit pas seulement de sauver les grandes entreprises», a précisé pour sa part le vice-président du syndicat IG Metall Jürgen Kerner: «De très nombreuses entreprises moyennes et familiales n’ont plus de perspectives et commencent à évoquer la délocalisation d’activités à l’étranger. Nous avons des usines d’aluminium qui arrêtent leur production, nous avons des fonderies et des forges qui perdent des commandes. Les comités d’entreprise et les administrateurs judiciaires font état de licenciements, de faillites et de fermetures de sites.»

Bénéfices en chute libre

Au cœur du problème allemand se trouve l’industrie chimique, suivie par la métallurgie, le secteur de fabrication de produits métalliques, le verre, la céramique ou le papier. Fortes consommatrices de gaz et de produits pétroliers, ces industries ont construit leur rentabilité sur le gaz et les hydrocarbures russes bon marché. Mais ces temps sont révolus pour des raisons environnementales et géopolitiques. Aujourd’hui, il faut non seulement payer un prix nettement plus élevé pour le gaz américain ou qatari mais il faut aussi rendre son appareil de production climatiquement neutre dans les dix ans à venir. Cela, alors que les bénéfices s’effondrent.

La Fédération allemande des industries chimiques (VCI) prévoit un recul de la production chimique de 11% pour 2023. Le chiffre d’affaires de la branche devrait se replier de 14% sur la même période, tout comme les exportations (–12%) et les ventes intérieures (–17%). Bien sûr, tous les secteurs de l’économie allemande ne sont pas aussi affectés. Mais l’absence de visibilité est forte, comme le montre la production automobile. Celle-ci a fortement reculé en juin et juillet, puis a progressé de 7,6% en août, avant d’enregistrer un nouveau recul de 8,2% en septembre. Seule petite note favorable, l’Office fédéral des statistiques a fait savoir que le PIB allemand ne s’est contracté «que» de 0,1% entre juillet et septembre, alors que tous les instituts économiques tablaient sur un recul d’au moins 0,4%.

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