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Dossier Ouïgours: L'enfer du décor

L’art chinois de réduire au silence

Camps, stérilisations, travaux forcés: Pékin étouffe par tous les moyens les minorités du Xinjiang


1 juin 2021 à 22:22

Temps de lecture : 1 min

Série » La Liberté propose de saisir en cinq volets la réalité des persécutions des minorités du Xinjiang. Plongeon dans l’enfer du décor.

Vous pouvez découvrir les autres volets de cette série ici

Radiographie » «Ah, tu es encore là?» L’expression est devenue courante au Xinjiang, quand deux Ouïgours se croisent. Elle résume la fragilité du sort réservé par le Gouvernement chinois aux membres de ce groupe ethnique, mais aussi aux membres des autres minorités musulmanes et turcophones de cette région autonome. Ils sont victimes d’une politique d’assimilation, d’exploitation et d’internement inégalée depuis la Seconde Guerre mondiale, visant à les fondre dans le moule communiste chinois. Un bon Ouïgour est un Ouïgour sous contrôle, qu’il soit en liberté surveillée, derrière les barreaux, voire dans un crématoire. Explications.

 

Pourquoi ces persécutions?

 

Dès la création de la République populaire de Chine en 1949, Pékin a colonisé le Xinjiang, anciennement Turkestan oriental. Il n’a depuis cessé de renforcer son contrôle sur ce territoire de 1,6 million de km2, au mépris de la Constitution chinoise qui garantit l’autonomie des régions et la liberté religieuse. Les Ouïgours ont le malheur de vivre sur une zone stratégique située sur les Nouvelles routes de la soie et riche en ressources naturelles. «Pékin cherche à contrôler et à exploiter les terres arables, le pétrole, les minéraux et l’eau», observe Sharon Hom, directrice générale de l’ONG Human Rights Watch in China, basée à New York. «La répression systématique et globale de l’expression et de l’identité religieuses et culturelles sert directement cette politique d’exploitation économique.»

 

Comment la région est-elle sinisée?

 

47%

de Ouïgours dans la région selon les dernières statistiques

Le Gouvernement chinois envoie les Hans, ethnie majoritaire du pays, s’installer dès les années 1950 dans la région pour diluer la population, comme au Tibet. Les Ouïgours ne représentaient plus que 47% de la population des 24,5 millions d’habitants selon les dernières statistiques chinoises de 2014-2015 contre plus de 80% en 1949, pendant que le nombre de Hans grimpait de 6 à 40%.

Dans leur dessein de passer d’un Etat multiethnique à un Etat-nation, les autorités chinoises entendent étouffer toutes les voix discordantes. A commencer par celles des Ouïgours, la minorité la plus nombreuse dans la région et la plus remuante. Elle cultive sa propre identité et un esprit de résistance à l’égard de l’envahisseur han. D’autres groupes ethniques vivant au Xinjiang comme les Kazakhs, les Kirghiz ou les Tadjiks sont également pris dans l’étau chinois ces dernières années.

 

Quel est le tournant sécuritaire?

 

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