Débat à Fribourg. «La Russie a confisqué les archives»

Histoire » Vladimir Poutine accapare la mémoire comme il s’empare de territoires: sans scrupule, par la contrainte s’il le faut et dans le but de réécrire l’histoire. «La question des archives est le symptôme de ce qui se passe en Russie et dans les territoires conquis. C’est un enjeu de société», estime Jean-François Fayet, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Fribourg et membre de Memorial-Suisse. Cette section a été créée en juin 2023 pour perpétuer l’activité de Memorial, association russe de défense des droits de l’homme, gardienne de la mémoire des victimes de la terreur stalinienne, dissoute en décembre 2021. Elle organise jeudi à Fribourg un débat axé autour de l’activité de cette faîtière russe et de la sauvegarde des archives.

Pourquoi les archives sont-elles en danger en Russie et dans les pays de l’ex-URSS?

Jean-François Fayet: Depuis son arrivée au pouvoir en 2000, Vladimir Poutine a progressivement repris en main le narratif de l’histoire de la Russie. L’accaparement des archives de l’ex-URSS est devenu le signe du renforcement du régime autoritaire et de l’instrumentalisation de l’histoire pour nourrir la propagande et tenter de justifier l’agression de l’Ukraine. Le travail historique est de moins en moins toléré. C’est pourquoi il a dissous Memorial juste avant l’invasion.

Est-il possible de récupérer ces archives?

C’est tout l’enjeu. Il faut préserver le plus possible de documents et continuer le travail de numérisation en Russie et à l’extérieur du pays. Si ces archives ont été confisquées par le pouvoir, une partie est détenue par Memorial en Russie et il existe des copies ou des originaux ailleurs.