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Davos. L’Ukraine traverse une mauvaise passe et cherche du soutien

Alors que Volodymyr Zelensky relance ses soutiens à Davos, l’échec de la contre-offensive met les Ukrainiens à l’épreuve du temps. La lassitude et l’épuisement font leur œuvre: tensions multiples à l’interne, essoufflement de l’aide occidentale vitale, difficultés à intensifier la production.

Volodymyr Zelensky en discussion à Davos avec Ursula von der Leyen, qui espère débloquer l’aide de l’UE à Kiev prochainement. © Keystone

17 janvier 2024 à 10:10

Temps de lecture : 1 min

Depuis le début de la guerre, les Ukrainiens ont un ennemi moins visible que la Russie mais tout aussi sournois: le temps. L’échec de la contre-offensive lancée en juin 2023 a renforcé l’impératif de ne pas s’enliser dans un conflit dont personne ne voit la fin. Surtout face à un adversaire supérieur en hommes et en armes. Les signes de lassitude commencent pourtant à se multiplier à l’interne, mais aussi chez les alliés. L’Ukraine court un risque existentiel en cas d’affaiblissement de l’appui militaire occidental, même si le président s’est voulu rassurant mardi au Forum économique mondial (voir ci-dessous). Décryptage de ce passage à vide.

1 Pourquoi cette mauvaise passe de l’Ukraine?

L’effet Kherson a été de courte durée. En novembre 2022, la libération décisive de la seule capitale régionale en main russe avait fait naître l’espoir d’une victoire rapide pour Kiev. Les ambitions de Kiev se sont toutefois heurtées aux solides lignes de défense russes lors de la deuxième contre-offensive entamée le 4 juin dernier.

«L’échec de la contre-offensive a porté un gros coup au moral des Ukrainiens», accorde Adrien Fontanellaz, spécialisé dans la recherche sur les conflits contemporains, membre du comité du Centre d’histoire et de prospective militaires, à Pully. «Ils semblent être entrés dans une période de vents contraires. Ils ont presque autant de terrain qu’avant à reconquérir.» Le peu de gains territoriaux a fait naître des doutes dans l’esprit d’une partie des Ukrainiens, épuisés par bientôt deux ans de conflit, et de leurs alliés occidentaux quant à la capacité de Kiev à changer le cours de la guerre.

Tout bénéfice pour le président russe Vladimir Poutine, qui parie sur la fatigue des alliés pour s’imposer. En attendant, depuis fin décembre, il appuie un peu plus là où ça fait mal: le manque d’armes et de munitions des Ukrainiens. L’armée russe a intensifié les frappes meurtrières sur les principales villes du pays, détruisant des infrastructures essentielles comme le réseau électrique. De quoi saper le moral de la population, tout en faisant cracher énormément de munitions à la défense antiaérienne.

2 L’aide occidentale flanche-t-elle vraiment?

Afin de répondre aux besoins de l’armée ukrainienne, les Occidentaux devraient accélérer la cadence des livraisons de matériel de guerre. Or, elle ralentit, notamment les munitions d’artillerie dont les précieux obus de 155 mm. «Sans aide militaire occidentale, les Ukrainiens se trouveraient dans une position de grave infériorité», craint Adrien Fontanellaz. «Ils ont toujours reçu suffisamment pour tenir, mais pas assez pour gagner.»

Le soutien occidental subit un coup de mou depuis l’an passé. L’Institut de Kiel pour l’économie mondiale l’a mesuré dans une étude au mois de décembre. Les chiffres sont parlants, même si certains pays ne divulguent plus les quantités de munitions ou de certains équipements: entre août et octobre 2023, l’aide nouvellement engagée (2,11 milliards d’euros) a chuté de 87% par rapport à la même période une année plus tôt.

«L’Ukraine dépend désormais de plus en plus d’un noyau de donateurs tels que les Etats-Unis, l’Allemagne et les pays nordiques et d’Europe de l’Est», analyse l’institut. La majorité de l’aide effective fournie actuellement vient de programmes pluriannuels promis antérieurement. En matière d’armes lourdes, sur 25 milliards d’euros d’engagements entre janvier 2022 et octobre 2023, la contribution de l’UE (47%) est supérieure à celle des Etats-Unis (43%).

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