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Guerre en Ukraine, deux ans déjà

Ukraine. Handicap International face au martyre d’un pays

L’ONG basée à Genève mobilise plus de 300 collaborateurs en Ukraine pour venir en aide aux populations. Sa responsable à Kiev, Anne-Laure Bauby, décrit un travail difficile dans des régions, notamment près du front, constamment bombardées par l’armée de Poutine. Interview.

En Ukraine, on estime à plusieurs dizaines de milliers le nombre d’amputés et de blessés, sans compter les traumatismes psychiques. © Keystone

23 février 2024 à 13:20

Temps de lecture : 1 min

La Première Guerre mondiale avait ses «gueules cassées», la guerre en Ukraine ne compte plus ses mutilés. Depuis le début du conflit, Anne-Laure Bauby, responsable du bureau de coordination national de Handicap International (HI) à Kiev, gère les opérations menées par plus de 300 personnes réparties, hormis la capitale, dans les régions de Lviv, Dnipro, Poltava, Kharkiv et Mykholaiv. Soutien à une douzaine d’hôpitaux pour de la réadaptation physique et mentale, aide financière, distribution de kits d’hygiène, acheminement d’aide vitale près de la ligne de front: autant de missions à hauts risques dans un pays constamment bombardé par l’armée de Vladimir Poutine. Interview.

Quels sont les moyens de Handicap International en Ukraine et suffisent-ils à fournir du soutien à des millions de personnes touchées de près ou de loin par la guerre? On dit que 14 millions de personnes ont dû quitter leur domicile à la suite de l’agression russe…

Anne-Laure Bauby: Handicap International délivre une aide humanitaire dans plus de 5 régions en Ukraine. Nous soutenons 12 hôpitaux avec des services de réadaptation physique et de santé mentale. Nous déployons des équipes mobiles sur ces territoires afin de faciliter l’accès des personnes déplacées et des personnes les plus vulnérables aux services essentiels de protection, de réadaptation physique et de santé mentale. Cette aide passe aussi par une assistance financière pour répondre aux besoins des populations les plus vulnérables. L’an dernier, nous avons aussi distribué plus de 10 000 kits d’hygiène (lessive, savon, shampooing, dentifrice, serviettes hygiéniques, couches pour bébés, alèses, etc.) pour des personnes démunies vivant en centres collectifs dont la plupart sont des personnes âgées, des mères isolées et des personnes en situation de handicap.

Votre action s’étend-elle jusqu’à la ligne de front?

Oui. Nous aidons d’autres acteurs humanitaires et notamment des réseaux de volontaires ukrainiens dans l’acheminement d’aide vitale (kit abris, médicaments par exemple), proches de la ligne de front en mettant à disposition des entrepôts et des transports gratuitement. C’est aussi en soutenant des associations locales que nous pouvons agir efficacement sur la durée auprès de la population dans le besoin. Elles ont été les premières à intervenir, et sont encore très présentes aujourd’hui.

Vos collaborateurs risquent-ils leur vie? Récemment, deux Français sont morts tués par des tirs russes… Avez-vous eu des blessés?

Nos collaborateurs respectent des protocoles de sécurité stricts qui sont régulièrement adaptés au contexte. Dans la région de Kharkiv, ciblée par des bombardements réguliers, nous devons adapter nos activités tous les jours. Nous organisons, par exemple, nos activités de groupe en soutien psychologique dans des locaux situés en sous-sol. Nous réalisons aussi parfois des sessions à distance notamment pour la sensibilisation sur les risques liés aux restes explosifs de guerre.

Quel est le nombre de personnes employées par Handicap International en Ukraine?

Handicap International emploie actuellement 306 personnes. Nos équipes sont d’abord ukrainiennes: elles comptent actuellement 270 employés nationaux. Elles sont réparties dans cinq régions: Lviv, Dnipro, Poltava, Kharkiv et Mykholaiv ainsi qu’à Kiev où est situé notre bureau de coordination national.

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