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Armement européen. Des systèmes de défense à standardiser

Le patron d’une société allemande de radars déplore l’inadaptation flagrante de l’armement en Europe


9 mai 2023 à 04:01

Temps de lecture : 1 min

Allemagne » Thomas Müller, CEO d’Hensoldt, le spécialiste allemand de l’électronique de défense (radars, systèmes de brouillage, capteurs, optronique, etc.), revient sur le tremblement de terre qui secoue la défense européenne depuis le déclenchement du conflit ukrainien. Il en détaille les implications pour le secteur de l’armement, qui va devoir s’organiser différemment pour produire plus.

Avez-vous été surpris par le «changement d’ère» militaire annoncé par le chancelier allemand Olaf Scholz en février 2022?

Thomas Müller: Nous attendions une réaction majeure de la part du Gouvernement allemand. Ce que le chancelier a confirmé dans son discours du 27 février au Bundestag. Nous avons en revanche été surpris par l’ampleur des annonces financières, à savoir le passage progressif du budget défense à 2% du PIB et la création d’un fonds spécial de 100 milliards d’euros pour réformer l’armée allemande. C’est une vraie césure pour l’Allemagne.

Depuis, les fabricants d’armes allemands croulent sous les commandes?

Pas vraiment. Notre administration de défense a vécu pendant 30 ans dans une paix que l’on croyait acquise. Son objectif n’a jamais été d’être rapide mais de choisir minutieusement les options les moins risquées pour l’Etat fédéral. L’inadaptation est flagrante. Jusqu’à la fin 2022, presque pas un euro du fond de 100 milliards n’a été dépensé. Ce n’est qu’avec la pression croissante de l’aide militaire à l’Ukraine et de l’urgence de modernisation de l’armée que la nécessité de changements fondamentaux s’est imposée. Aujourd’hui, les commandes arrivent. Pour 2023, nous attendons l’examen par le Bundestag de 70 à 80 projets de commandes de plus de 25 millions d’euros. Du jamais-vu.

De quelles réformes l’Allemagne a-t-elle besoin?

Le nouveau ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a commencé par lancer la réforme de son ministère avec la réintroduction d’un état-major de planification qui existait pendant la guerre froide à l’époque d’Helmut Schmidt. Cela doit permettre de gérer l’ensemble du ministère de manière beaucoup plus rigoureuse. L’objectif, c’est qu’il n’y ait plus 30 signatures nécessaires pour un projet, mais sept au maximum. De cette manière, on va pouvoir accélérer massivement les choses.

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