Exploration » Le 6 septembre 1522, il y a juste 500 ans, les rescapés de l’expédition de Fernand de Magellan bouclaient (sans lui!) le tour du monde par l’ouest, après une épopée de trois ans extrêmement éprouvante. Directeur de recherches au Centre de recherches internationales de Sciences Po, à Paris, Romain Bertrand raconte cet incroyable périple dans un récent ouvrage¹, démêlant la réalité du mythe. Entretien.
Magellan est entouré d’une aura de légende. On est bien loin de la réalité…
Romain Bertrand: La légende de Magellan l’emporte toujours sur le personnage historique. Mais à peu près tout ce qu’on croit savoir sur lui est faux. A commencer par le fait qu’il ait accompli le tour du monde. Il est mort aux deux tiers du périple. Il n’était pas non plus le «découvreur» érudit qu’on imagine, le savant humaniste parti à l’assaut des mers pour connaître le vaste monde. Non, Magellan n’était qu’un petit soldat de métier issu de la noblesse de terroir.
Il sert d’abord le roi du Portugal?
Oui, il s’embarque pour l’océan Indien comme surnuméraire en 1505 et participe à la prise de Malacca. En 1513, il est blessé au genou à la bataille d’Azemmour au Maroc – il boitera toute sa vie – et perd son plus beau cheval. Il tente d’obtenir un dédommagement, mais le roi Manuel Ier refuse, ce qui le jette dans une colère noire. Il décide alors de quitter le Portugal pour l’Espagne, à l’automne 1517.