Mémorial » «D’ici, je suis parti et me revoilà de retour, sans haine et sans volonté de revanche. Merci au conservateur!» Tirée du livre d’or de la Maison des esclaves, sur l’île de Gorée, cette citation de 1986 est signée Harlem Désir, alors président de l’association SOS Racisme. Comme des millions d’Africains et d’afrodescendants de la diaspora noire, il a fait le voyage à Dakar, au Sénégal, et a rejoint en ferry l’îlot verdoyant situé à 3 km du Plateau, pour accomplir un pèlerinage en mémoire de la traite atlantique. Comme eux, il est venu se recueillir sur la terre des ancêtres, y trouvant un symbole d’espoir pour une «nouvelle solidarité entre les peuples».
Dans sa dédicace, Harlem Désir remercie le conservateur du musée, Boubacar Joseph Ndiaye, un ancien sous-officier de l’armée coloniale française nommé gardien de la Maison des esclaves en 1962 par le premier président de la République du Sénégal, Léopold Sédar Senghor. Durant plus de 40 ans, avec autant de verve que de charisme, ce guide hors pair a passionné les foules de touristes. «Si ces murs pouvaient parler, ils en diraient long. Heureusement qu’ils se sont tus à jamais. Mais moi, je fais parler ces murs», se plaisait-il à dire aux visiteurs.