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Histoire vivante

Le spectre de la guerre d’Algérie

Soixante ans après les Accords d’Evian, le travail de mémoire et de réconciliation n’est pas achevé


11 mars 2022 à 02:01

Temps de lecture : 1 min

Commémorations » Le 18 mars 1962 étaient signés les Accords d’Evian. Rendus possibles grâce aux bons offices de la Suisse, ils mettaient fin officiellement à 132 années de colonisation française en Algérie et à sept ans et demi d’une guerre sanglante, qui a fait près de 500’000 morts. Quatre mois plus tard, le 5 juillet 1962, les Algériens se prononçaient en faveur de leur indépendance par 91,23% des voix, alors que des centaines de milliers d’Européens quittaient le pays.

C’était il y a soixante ans! Pourtant, aujourd’hui encore, certaines plaies ouvertes ne sont pas refermées, pour les pieds-noirs et leurs descendants, les anciens militants de l’Algérie française, la diaspora juive, les nombreux appelés du contingent français, les harkis musulmans embauchés par l’armée française et les familles de disparus. «Le travail de mémoire, de vérité et de réconciliation, pour nous-mêmes et pour nos liens avec l’Algérie, n’est pas achevé», reconnaissait Emmanuel Macron en 2020, souhaitant s’inscrire «dans une volonté nouvelle de réconciliation des peuples français et algérien». Le président de la République commandait alors à l’historien Benjamin Stora un rapport circonstancié sur les questions mémorielles de la colonisation et de la guerre d’Algérie.

Trop long silence

Dans ce rapport¹ publié l’an dernier, le spécialiste de l’Algérie reconnaît qu’il est difficile d’écrire sur le sujet, «car longtemps après avoir été figée dans les eaux glacées de l’oubli, cette guerre est venue s’échouer, s’engluer dans le piège fermé des mémoires individuelles. Au risque ensuite d’une communautarisation des mémoires.»

«Des années 1960 aux années 1980, raconte-t-il, il fallait en France «oublier» l’Algérie, effacer le traumatisme de l’exil pour des centaines de milliers de pieds-noirs; dépasser les sentiments de honte ou de culpabilité pour certains soldats d’avoir été acteurs d’une guerre où ils étaient entrés et sortis en aveugle; se libérer du sentiment d’abandon ou de trahison pour ceux qui avaient cru en l’Algérie française. Dans la société de consommation des Trente Glorieuses, il fallait oublier pour avancer, pour vivre.» Pendant ce temps en Algérie, note-t-il encore, «on a été confronté à une sorte de trop-plein de l’histoire», une «survalorisation de l’imaginaire guerrier qui visait à expliquer le surgissement de l’Etat-nation par la guerre, et pas seulement par la politique».

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