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Elections fédérales 2019

Le raz-de-marée de l’UDC brouille les cartes

Conseil fédéral • La prétention de l’UDC à un 2e siège au gouvernement sort renforcée. Mais tout pourrait dépendre de la décision d’Eveline Widmer-Schlumpf de se représenter ou non.


19 octobre 2015 à 04:27

Avec 29,5% des voix au niveau national, l’UDC est le grand vainqueur des élections fédérales

Des présidents de partis courant dans tous les sens, avec des hordes de micros et de caméras derrière eux: le Palais fédéral a connu une fin de journée pour le moins mouvementée hier. «Cette maison n’a jamais mieux mérité son surnom de ruche que ce soir», commentait devant les médias le président du PS Christian Levrat. Pour la première fois en effet, cette journée électorale et sa fameuse «ronde des éléphants» (débat entre les présidents de parti) se sont tenues dans les lieux même du pouvoir, et non pas dans les studios de la télévision alémanique, à Zurich.

Au cœur des débats, l’élection du Conseil fédéral le 9 décembre. Avec une question qui a déjà beaucoup animé la campagne et qui continuera à remplir les pages des journaux ces prochaines semaines: faut-il réélire la ministre PBD Eveline Widmer-Schlumpf, ou faut-il accorder un deuxième siège à l’UDC?

Visions divergentes

Grand vainqueur de la journée, le président de ce parti, Toni Brunner, affiche ses prétentions: «Nous sommes prêts à prendre davantage de responsabilités au sein du gouvernement.» L’UDC veut un deuxième représentant au sein du Conseil fédéral et elle se sent légitimée par la forte progression enregistrée hier: «L’UDC et le PLR auront pratiquement un droit de veto au Conseil national», souligne le Saint-Gallois. «Ce virage, il faut en tenir compte.»

Selon les projections diffusées hier à 21 heures, les deux partis et leurs petits alliés (Lega, MCG) pouvaient compter sur 101 sièges à la Chambre du peuple (sur 200). «Nous aurons au Conseil national une majorité de droite sans le PDC», en déduit Jean-François Rime (udc/FR).

Pour son deuxième siège au Conseil fédéral, l’UDC pourra compter sur le soutien du PLR: «Il faut que ce parti assume ses responsabilités», déclare son président Philipp Müller. Après avoir réclamé durant la campagne un candidat UDC favorable à la voie bilatérale et soutenant les droits de l’homme, l’Argovien a revu ses exigences à la baisse: «Pour nous, la condition sine qua non, c’est le respect de la collégialité.»

Pour le PS en revanche, il n’est pas question de donner à l’UDC et au PLR une majorité au gouvernement qu’ils n’ont pas au parlement. Selon Christian Levrat, il faut en effet aussi tenir compte de la situation au Conseil des Etats, où l’UDC n’est que le quatrième parti en termes de sièges et devrait le rester. Et le Fribourgeois de mettre l’accent sur le fait que les deux partis ne représentent que 44% en termes de parts électorales: «Il y a toujours une majorité de la population qui refuse un gouvernement droitisé.»

Une décision attendue

Au final, tout pourrait dépendre de la décision d’Eveline Widmer-Schlumpf: «Si elle se représente, elle a peut-être des chances d’être réélue», admettait même Jean-François Rime. Président du PBD, Martin Landolt confiait hier soir à ce propos: «C’est une analyse qu’on va faire avec Mme Widmer-Schlumpf. Elle prendra une décision ces prochains jours ou ces prochaines semaines.»

Et si la Grisonne choisissait de se retirer dans ses montagnes? «Il y a une logique arithmétique pour le maintien de deux sièges pour le centre», estime Martin Landolt. Un centre composé du PDC, du PBD et des Vert’libéraux. «Mais pour cela, il est important de trouver un moyen de mieux collaborer au centre.»

L’esquive du PDC

Sur la recomposition du Conseil fédéral, le président du PDC tient un discours plus alambiqué. Si Eveline Widmer-Schlumpf se représente, elle devrait pouvoir compter sur l’appui des démocrates-chrétiens: «Nous allons attendre sa décision, mais je pars du principe que les conseillers fédéraux qui ont fait correctement leur travail doivent être réélus», justifie Christophe Darbellay.

Et si elle se retire, le centre, et le PDC en particulier, doit-il revendiquer ce siège? Le Valaisan esquive: «Aujourd’hui, le centre a une existence uniquement théorique. Il s’est renforcé en 2011, mais il était éclaté. Il a montré une incapacité à collaborer de manière efficace.» Et de regretter encore l’échec du rapprochement entre le PDC et le PBD pour former un seul groupe parlementaire: «On doit absolument réussir à mieux collaborer à l’avenir.»

Pour sûr, les tractations en vue de l’élection du 9 décembre ne font que commencer. I

 

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Les gagnants

Roger Köppel (UDC/ZH)

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