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La passion a déserté les gradins

Le sport a repris, mais, dans les stades, l’ambiance est en berne. L’absence des ultras n’y est pas étrangère


5 octobre 2020 à 23:22

Temps de lecture : 1 min

Ultras » Depuis jeudi dernier, les spectateurs sont de retour en nombre dans les gradins. Les patinoires ont pu être remplies aux deux tiers pour un record de 7243 personnes au Hallenstadion de Zurich, vendredi, lors de la venue de Gottéron. Le football a fait encore plus fort ce week-end avec un pic à 11’660 spectateurs, dimanche au Wankdorf, pour le match entre Young Boys et Vaduz. Si le public garnit à nouveau les enceintes sportives et que, sous les masques, on devine quelques sourires soulagés, l’ambiance, elle, est en berne.

A l’exception de deux ou trois salves d’applaudissements et d’un ou deux chants étouffés, les stades ont sonné creux. Et ce n’est pas la musique, aussi omniprésente qu’assourdissante, qui a permis de faire illusion. Les ultras, qui assurent habituellement l’ambiance et l’animation, ont déserté les gradins. «Dès le début de la crise, il nous est paru évident que nous serions les derniers à retrouver notre place au stade», a récemment déploré la section «grenat», supportrice du Servette FC, dans un communiqué.

Toujours actifs

Sans remettre en question la légitimité des mesures mises en place, les ultras ne souhaitent pas assister aux matches dans ces conditions. «Suivre un match en places assises, cela ne m’intéresse pas. La NHL, je n’aime pas», lâche le président des Fribvrgensis, les ultras de Fribourg-Gottéron, dont «un tiers de l’effectif n’a pas repris l’abonnement». En raison des contraintes sanitaires mais aussi à cause de la hausse du prix de l’abonnement demandée par les dirigeants des Dragons. «Ce supplément ne profite qu’aux gros, qu’aux riches», regrette le supporter, qui souhaite garder l’anonymat.

«Il nous semblait tout bonnement impossible d’être fidèles à notre manière de vivre l’expérience au stade en tant que groupe dans ces conditions»
La section «grenat»

Si, à l’instar de plusieurs groupes tessinois, certains ont interrompu ou carrément arrêté leurs activités, d’autres continuent à se réunir. Mais différemment. Le 17 septembre dernier, lors d’un match qualificatif pour l’Europa League, la section «grenat» a encouragé Servette contre Reims depuis… l’extérieur du stade! Pendant la pandémie, les Fribvrgensis ont mis en place plusieurs actions de soutien. Ils ont manifesté leur solidarité au personnel hospitalier en déployant une bâche devant l’hôpital cantonal, distribué des croissants et du chocolat dans les homes médicalisés ou donné leur sang. «On a du cœur», précise, non sans fierté, le président des Fribvrgensis.

Un avenir qui inquiète

La section «grenat» n’a pas souhaité – contrairement à d’autres groupes d’ultras – interdire l’accès au stade à ses membres, mais elle a expressément demandé de ne pas «arborer de matériel à l’effigie du groupe et de ne pas lancer des chants mentionnant la section». Le noyau dur, lui, ne mettra pas les pieds à la Praille. «Il nous semblait tout bonnement impossible d’être fidèles à notre manière de vivre l’expérience au stade en tant que groupe dans ces conditions», ajoute encore la section «grenat» dans son communiqué.

Les groupes d’ultras craignent aussi pour leur avenir. L’américanisation du sport – un spectacle avec un public entièrement assis et sans supporters visiteurs notamment – les inquiète. Tout comme le traçage des supporters. «Nous craignons que les mesures ne soient récupérées à des fins répressives et que leur application ne perdure au-delà de la crise sanitaire actuelle», redoutent les Genevois.

Les groupes d’ultras entendent bien profiter du silence qui règne actuellement dans les stades pour se faire entendre. Même à distance, ils continuent plus que jamais à fustiger ce sport «à tout prix» qui «n’hésite pas à se passer de la passion des supporters au profit d’un football aseptisé, dénué d’émotions». avec PAM


Trois questions à Sébastien Louis

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