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Les séries d'été 2015

Juste un peu de Cervin en eux

Le Cervin 2/5 - Frères • Trois Zermattois, trois approches de la montagne, trois alpinistes, trois figures dans leurs domaines évoquent ce qui les lie au Cervin.


8 juillet 2015 à 22:09

Même 150 ans après la première ascension du Cervin, il n’y a pas de voie déjà tracée. Ce n’est pas parce qu’on est un montagnard né à Zermatt qu’on consacre sa vie au Cervin. Ce serait une histoire trop facile. Une histoire dans laquelle on aurait écrit que la silhouette du géant se dessinait à travers la fenêtre d’une chambre d’enfant, comme un aimant qu’il fallait atteindre à tout prix.

Ce n’est pas l’histoire des trois frères Anthamatten. Ensemble, ils incarnent cette génération de jeunes alpinistes zermattois pure souche, au sommet de leur art. La montagne se lit sur leurs visages, entre les traits tirés et les marques à peine dissimulées de lunettes de soleil qui laissent apparaître un regard patient et déterminé. Leurs parents, chef de chantier et femme de ménage, étaient des passionnés de randonnée mais en aucun cas des grimpeurs. Le parcours de la fratrie s’est décliné en trois trajectoires extrêmes, toutes liées à des exploits sur les cimes, dans lesquelles le Cervin n’occupe pas une place plus importante que les autres. Du moins, c’est ce qu’ils affirment.

La glace et la descente

L’aîné Simon (32 ans) et le cadet Samuel (28 ans) sont tous les deux guides de montagne. Le premier s’est spécialisé dans l’escalade de glace et les parois extrêmes, ce qui lui a valu un Piolet d’or en 2008 - la plus haute récompense de l’alpinisme - pour une première en Himalaya.

Le plus jeune a marché dans les traces de son grand frère. L’histoire dit qu’il aurait débuté en l’assurant sur le mur de grimpe dans le jardin derrière la maison familiale. Excellent alpiniste et auteur lui aussi de premières autour du monde, c’est toutefois à la descente qu’il réalise ses plus grands exploits avec notamment une première sur les pentes sud du Weisshorn. En 2011, il s’octroie même une 2e place sur le prestigieux Freeride World Tour.

Exploit de taille

Sur leur célèbre caillou, ils ont signé un exploit de taille lorsque entre frères ils se paient le luxe d’ouvrir une première voie dans la paroi nord, l’une des trois faces les plus difficiles des Alpes. Une ligne qui porte aujourd’hui leur nom. «Le seul avantage qu’on avait, c’était de pouvoir observer tous les jours la montagne. On a trouvé une ligne et ensuite on a simplement attendu les bonnes conditions. Cette ascension n’a pas plus de valeur qu’une autre dans ma vie», explique modestement Simon.

Samuel, lui, a même réalisé sa première ascension du Cervin dans cette même paroi, accompagné de son frère à tout juste 18 ans. Ils passeront deux jours dans la montagne. «Ça ne me disait rien par d’autres voies. Ce n’était pas le sommet que je voulais, c’était la performance par une voie difficile», modère-t-il. C’est d’ailleurs pour la même raison qu’il skiera la face est en hiver, parce que les conditions étaient là. Non, ils ne passent pas leur journée sur les arêtes de la pyramide et ils n’en connaissent pas tous les rochers par cœur. Croire le contraire les agace même un peu.

Relation d’amour-haine

«Il y a des gens, et même pas mal de journalistes, qui croient qu’on passe notre temps à se balader sur le Cervin. Tout le monde ne voit que le Cervin, le Cervin, le Cervin. On ne passe pas notre temps là-haut», martèle Simon, aidé de son frère Samuel qui ajoute: «Il y a vingt-neuf ou trente-deux 4000 dans la région - ça dépend comment on compte - et depuis ces autres sommets moins fréquentés, le Cervin, au moins, on le voit.» Et puis ils se modèrent un peu, conscients que le caillou amène beaucoup aux guides et à la station. Simon y est d’ailleurs allé presque cent fois. «Le Cervin est une belle montagne. Pour guider les clients, c’est intéressant. Mais ce qu’on essaie de dire, c’est qu’on préfère évoluer avec nos clients et ne pas juste monter au Cervin et ne plus jamais les revoir», nuance-t-il.

Au milieu de ces deux guides, il y a Martin (30 ans), multiple champion de ski-alpinisme et détenteur avec Florent Troillet et Yannick Ecœur du record sur la mythique Patrouille des glaciers. Son truc à lui c’est la vitesse mais depuis deux ans, il a pris le chemin du métier de guide et doit encore achever sa formation. Le Cervin? «J’y suis jamais allé, c’est un projet, mais ce sera un bon entraînement pour apprendre à guider.»

De chez eux, ils regardent ce «tas de cailloux» avec un mélange d’amour et de haine. Mais quoi qu’il s’y passe, le Cervin aura toujours la même définition pour eux. «C’est notre «Heimat.» Leur patrie, leur maison. I

 

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Samuel Anthamatten

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