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Les années 2000. l'heure de gloire du rock new-yorkais

Dans les années 2000, la ville de New York a posé sa candidature pour être la capitale mondiale du rock. Avec les Strokes, Yeah Yeah Yeahs ou LCD Soundsystem, la Grande Pomme a fait du bruit comme jamais. La journaliste Lizzy Goodman raconte cette ébouriffante scène dans un ouvrage volumineux. 

Karen O, la voix des Yeah Yeah Yeahs, incarne la folie d’une scène new-yorkaise flamboyante. © Keystone

24 novembre 2023 à 23:35

Musique » Par une belle matinée de l’été 1999, Lizzy Goodman, jeune provinciale originaire du Nouveau-Mexique, débarque dans Manhattan, des rêves plein la tête. Et les rêves, c’est bien connu, c’est à New York qu’on les réalise. Pour l’heure, Lizzy suit l’habituel parcours de la combattante: job de serveuse mal payé dans un restaurant de Park Avenue situé non loin de là où se dressait dans les années 1970 le Max’s Kansas City, un club rock mythique qui vit défiler des artistes aussi divers que le Velvet Underground, Alice Cooper, David Bowie, les Ramones, Patti Smith ou encore un jeune barbu venu du New Jersey voisin nommé Bruce Springsteen.

A la fin du XXe siècle, tout ça est bien loin. La ville n’a plus rien d’une capitale du rock et récemment encore, c’est à Seattle, berceau du grunge, qu’il fallait être pour avoir une chance de percer dans la musique, mais sûrement pas sur les bords de l’Hudson.

C’est bien connu, New York ne dort jamais

L’automne venu, la jeune femme s’inscrit à l’université pour étudier la poésie romantique. Bientôt cependant, elle va découvrir que sa ville d’adoption se réveille au son d’un rock sale, post-punk ou électro, et qu’il y a de fortes chances pour que New York vive une nouvelle révolution rock, après celles des années 1970 et des années 1980 (émergence d’un courant sauvage incarné notamment par Swans, Sonic Youth, Live Skull ou les Beastie Boys).

Le sillage des Strokes

Délaissant la poésie au profil de la critique rock, Lizzy Goodman se fait un nom dans la presse américaine, signe des papiers pour Rolling Stone, New York Magazine, Spin, Elle, et s’invite même dans les colonnes de l’institution britannique New Musical Express! Si l’on s’arrache ses articles, c’est d’abord parce qu’elle a du style, mais aussi parce qu’une impressionnante tornade électrique que personne n’avait vu venir va profiter du nouveau millénaire pour balayer inlassablement la Grande Pomme.

C’est l’émergence, la gloire et le crépuscule de cette scène new-yorkaise que Goodman raconte aujourd’hui dans Meet Me in the Bathroom. Cet imposant pavé présenté comme une histoire orale dans laquelle interviennent des dizaines d’artistes, témoins essentiels de ces années de folie, a lui-même inspiré un documentaire éponyme intéressant bien que plus superficiel.

Les fans des Strokes, ils sont nombreux, auront noté que le titre de l’ouvrage fait référence à une chanson que l’on retrouve sur le second album du groupe (Room on Fire). Sans surprise, l’ascension de la bande menée par Julian Casablancas et Albert Hammond Jr sert de fil rouge à ce récit épique porté par des voix qui ignorent la langue de bois et les envolées lyriques fastidieuses.

La planète entière s’emballe pour ces petits frimeurs doués

Même si certains groupes sont apparus en éclaireurs flamboyants vers la fin des années 1990, (Jonathan Fire Eater, Moldy Peaches), c’est en 2001, dans la foulée des événements effroyables du 11 septembre évoqués de manière poignante par différents protagonistes du livre, que New York pose sa candidature pour le titre de capitale du rock. Le mérite en revient donc aux Strokes, enfants de nantis (Julian Casablancas, fils du fondateur de l’agence de mannequins Elite, a rencontré Albert Hammond Jr à l’Institut Le Rosey, en Suisse) qui, en publiant un premier album parfait (Is This It), remettent le post-punk et le garage rock au goût du jour.

Péter les plombs

La planète entière s’emballe pour ces petits frimeurs doués qui possèdent cette aura magique, divine, parfois maléfique propre aux authentiques rockstars. A New York, à cette époque-là, des musiciens dotés d’un potentiel de rockstar, on en croise cependant quasiment chaque soir sur les scènes locales. A commencer par Karen O, chanteuse d’origine coréenne élevée dans le New Jersey. A la tête de Yeah Yeah Yeahs, flamboyant et audacieux combo post-rock, la jeune artiste envoûte les foules avec des prouesses vocales qui évoquent une Debbie Harry tentant de garder un cap mélodique après avoir été mordue par un vampire.

Géniale, hypersensible, Karen est la voix féminine marquante de Meet Me in the Bathroom, figure surexposée puis résiliente d’une fête sonique qui s’étend sur une décennie entière. Une fête où toutes les tendances du rock rebelle et mal peigné sont accueillies à bras ouverts par un public en manque d’émotions, à New York City comme à Londres, Paris, Berlin, Zurich et ailleurs.

Oui, vraiment, il y en a pour tout le monde car, c’est bien connu, New York ne dort jamais. Tandis que TV on the Radio déconstruit le funk, au moment où Vampire Week-End invoque l’esprit des Talking Heads, les membres d’Interpol, enfants illégitimes de groupes tels que Joy Division et Bauhaus, séduisent avec un genre de new wave spectrale que l’on croyait perdu.

Un vent de folie souffle dans les rues et décoiffe à son tour un certain James Murphy. Cet ex-punk rocker lance alors son propre label, produit un groupe génial, The Rapture, en pensant que le monde a besoin d’un mix à base de post-punk et de dance music avant de se lancer en solo sous l’étiquette LCD Soundsystem. Une diablerie sonique et groovy dont l’une des chansons phares résume en substance toute cette odyssée musicale: «New York je t’aime mais tu me fais péter les plombs!»

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