La musique pop est morte le 30 janvier 1969 en haut d’un toit de Savile Row, à Londres. Ce jour maudit d’hiver où les Beatles ont donné leur dernier concert. Voilà la version qu’on nous sert, images d’archives à l’appui, depuis 55 longues années. C’est beau mais c’est faux! En effet, les Beatles sont remontés sur scène après le fameux «Rooftop». En 1972 plus précisément. A Rome d’abord devant 500 000 spectateurs, à Wembley ensuite pour cinq gigs explosifs ayant eux aussi rassemblé un demi-million de fidèles. Mieux encore, la performance romaine, aux portes du Colisée a été suivie par un milliard de spectateurs! Si ça n’est pas du concret…
Paul McCartney, l’homme à l’origine du miracle, supervise à présent le mixage du triple album live qui doit voir le jour en fin d’année. Ringo Starr, lui, s’en moque et John Lennon, de retour à New York, se saoule dans des orgies branchées tout en se réjouissant par avance de voir son ennemi Nixon se ramasser à l’élection présidentielle. George Harrison, qui n’a pas participé au come-back (un certain Mick Taylor l’a remplacé) s’est contenté d’un télégramme de félicitations.
Les Beatles ont-ils encore un avenir dans ce monde qui file à grande vitesse vers l’an 2000?
Toutes les conditions semblent donc réunies pour que les Beatles, dont la fortune a doublé d’un coup, se séparent à nouveau. «Macca», Allen Klein, le féroce manager qui gère le patrimoine discographique du quatuor, le reste du monde aussi, en serait désolé… A ce stade du récit, il nous faut bien admettre qu’on n’est plus sûr de rien. Mais si tout cela n’est qu’un rêve, alors celui-ci est sacrément réaliste!
Les couloirs du temps
Dans The Beatles Are Back Again, une uchronie drôle et passionnante, Arnaud Hudelot imagine à quoi ressemblerait l’actualité musicale de la première moitié des seventies si les Beatles étaient restés dans la compétition. Ingénieur du son et réalisateur de documentaires pour la télévision, Hudelot n’en est pas à son coup d’essai. Dans un premier volet (The Beatles Are Back), cet enfant de la Beatlemania (il est né en 1964, l’année de la sortie d’A Hard Day’s Night) a démontré que tous les chemins, même les plus improbables, menaient à Rome.
Cette fois, le challenge semble encore plus important. Réunir les Beatles pour une juteuse opération marketing limitée dans le temps était une chose. Les persuader de rester ensemble afin d’enrichir leur discographie légendaire avec un nouveau chef-d’œuvre en est une autre.