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Musique

Lana Del Rey nous emmène dans ses harmonies lunaires

Lana Del Rey fait montre d’une totale liberté sur son nouvel album Did You Know That There’s a Tunnel Under Ocean Blvd, grandiose et fiévreux

Lana Del Rey nous convie à une étrange fête californienne.

31 mars 2023 à 19:59

Pop » Cette nuit-là, un léger vent fait frémir les palmiers, rendant l’atmosphère moins étouffante qu’à l’accoutumée. A Los Angeles, tous les débuts d’histoire ressemblent à des génériques de films. Quoi de plus normal? Au programme cette semaine, Did You Know That There’s a Tunnel Under Ocean Blvd par Lana Del Rey. Une suite de chansons tellement évocatrices qu’instantanément les images défilent sur l’écran large d’un drive-in d’un autre âge mais miraculeusement intact, posé par des mains rêveuses, plus loin sur la route d’Escondido.

L’affiche, pardon la pochette, reprend le visuel du soundtrack de Propriété interdite, long-métrage de Sydney Pollack hanté par Natalie Wood, autre princesse de L.A. disparue dans les flots, non loin de l’île de Santa Clara, dont notre star du jour arbore ici la coiffure. Autant dire que l’heure est au vertige, quand bien même aucun cadavre ne semble flotter dans la piscine comme lors du générique de Sunset Boulevard.

Parfum de film noir

Deux petites années après un hallucinant diptyque (Chemtrails over the Country Club, Blue Banisters), quelques semaines après le carton de Snow on the Beach, plaisant duo avec sa consœur Taylor Swift, Lana Del Rey fait son cinéma. Non pas pour alimenter les pages à ragots de la presse people mais dans l’espoir de retourner, une fois encore, le cœur de celles et ceux qui la suivent en frissonnant depuis un peu plus d’une décennie. D’une durée approchant les 80 minutes, Did You Know That There’s a Tunnel Under Ocean Blvd diffuse d’emblée un intrigant parfum de film noir, du genre de celui que Francis Scott Fitzgerald aurait pu écrire lors de son séjour à Hollywood si, par désespoir, il ne s’était pas saoulé tous les jours. Trêve de digression, revenons au présent. Voici l’histoire d’une étrange fête californienne. On insiste, cette nuit-là, un léger vent fait frémir les palmiers, rendant l’atmosphère moins étouffante qu’à l’accoutumée.

Des notes de piano sensuelles illuminent alors The Grants, écrin fabuleux pour le timbre brûlant d’une déesse qui, après avoir chanté durant une vingtaine d’années à l’église, confesse ces temps derniers un regain de spiritualité.

Du fond du parc qui donne directement sur le Pacifique s’échappent les chants d’une chorale comme on en croise généralement sur les bords du Mississippi. The Grants est le genre d’intro rêvée. Trois choristes, dont deux ont accompagné Whitney Houston lors de ses tournées, tentent d’apprivoiser la mélodie proposée par la maîtresse de maison. Sans succès. Hilare, Lana les guide. Bientôt les harmonies filent vers la lune, tels ces splendides oiseaux de proie évoqués jadis par Jim Morrison. Des notes de piano sensuelles illuminent alors The Grants, écrin fabuleux pour le timbre brûlant d’une déesse qui, après avoir chanté durant une vingtaine d’années à l’église, confesse ces temps derniers un regain de spiritualité. On attendra pourtant avant d’invoquer sainte Lana…

Voix d’ange

Did You Know That There’s a Tunnel Under Ocean Blvd, la chanson qui donne son titre à l’album. Voilà encore un modèle de pop symphonique à couper le souffle. Prenant la voix à contresens, les cordes fouillent l’asphalte pour partir à la rencontre des ombres qui rôdent sous Ocean Boulevard, là où effectivement se trouvait jusqu’en 1967 un tunnel (le Jergins Tunnel) dont l’architecture Art déco avait de quoi stimuler l’imagination des esprits vagabonds. Passé Sweet, autre ballade introspective pour piano, voix et orchestre halluciné, A & W s’échappe des sentiers balisés de l’americana (mélange de folk de country et de rock) pour imploser dans le clair-obscur du hip-hop industriel. Sept minutes renversantes aux effets comparables à ceux d’un puissant psychotrope!

Sur Judah Smith Interlude, l’auditeur est convié à s’installer dans un salon à peine éclairé dans lequel des convives dévastés par la fatigue et l’abus d’alcool, mollement affalés dans des fauteuils aussi profonds que le Grand Canyon, attendent le premier rayon de soleil en écoutant un type psalmodier.

Le meilleur est cependant à venir: Lana, qui prétend avoir en commun avec les vampires une capacité à ne pas fermer l’œil de la nuit, s’aventure ensuite carrément dans le bizarre. Sur Judah Smith Interlude, l’auditeur est convié à s’installer dans un salon à peine éclairé dans lequel des convives dévastés par la fatigue et l’abus d’alcool, mollement affalés dans des fauteuils aussi profonds que le Grand Canyon, attendent le premier rayon de soleil en écoutant un type psalmodier. Un grand moment d’ambient dark, radical, à des années-lumière de ce qu’on peut normalement attendre d’une artiste qui vend des disques par millions tout en dialoguant avec ses fans depuis son compte Instagram. Lana Del Rey, même si elle n’a plus rien d’une artiste underground, ne se comporte pas comme un «produit» mainstream.

Inlassablement, sa voix d’ange traverse les nappes de brouillard qui enveloppent ses ballades mélancoliques. La nuit se prolonge au-dessus et en dessous d’Ocean Boulevard. Parfois, un invité de marque rejoint la réception très privée: ici le jazzman Jon Batiste (Candy Necklace, Jon Batiste Interlude) passe derrière un clavier, là SYML ou Father John Misty, songwriters sensibles, déposent quelques arpèges délicats aux pieds de leur hôtesse (Paris, Texas, Let the Light In). Plus loin, Bleachers, groupe du New Jersey, prend la relève de l’orchestre sur Margaret, énième tempo à fendre l’âme avant que la rappeuse canadienne Tommy Genesis ne soit invitée à participer à un exercice de soul mutante de haute volée (Peppers).

Le jour se lève enfin (Taco Truck x VB). Le rêve, lui, se poursuit sans que personne ne songe à s’en échapper.

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