La Schubertiade revient à Fribourg

Fête » Plus de 160 concerts et mille musiciens impliqués, en petits ensembles ou en chœurs et en orchestres, sans compter des milliers de spectateurs attendus: à peu près tous les deux ans, la Schubertiade d’Espace 2 voit large pour créer des moments décontractés et de partage autour de la musique représentée par la deuxième chaîne de la radio romande. Mais cette fois la pause aura été plus longue que prévu. Cinq ans après Yverdon, la 21e édition de la Schubertiade aura lieu à Fribourg le week-end des 3 et 4 septembre.

C’est la seconde année que la ville de Fribourg accueille la manifestation (après 2007): dans la ville haute et au centre-ville en l’occurrence, dans un rayon allant de l’Ancienne Gare à l’église des Cordeliers, d’Equilibre à la Cathédrale, en passant par l’enceinte du Belluard, y compris dans les rues piétonnes ou rendues aux piétons pour l’occasion. Les concerts sont prévus dans une vingtaine de lieux, intérieurs et extérieurs: ils sont tous «accessibles en quinze minutes maximum à pied depuis le village RTS dans la cour du Collège Saint-Michel», apprécie Laurent Dietrich, vice-syndic de la Ville de Fribourg.

Décloisonner

Cinq ans et une pandémie plus tard, Espace 2 a profité du temps pour réfléchir à la pertinence d’un festival comme la Schubertiade. Née en 1978 à l’initiative du chef de chœur André Charlet, «la manifestation avait-elle encore son rôle à jouer dans un espace culturel qui s’est densifié?» a résumé Alexandre Barrelet mardi en conférence de presse. Le défi de décloisonner les genres et rendre accessible la musique dite sérieuse dans un cadre informel continue en tout cas de motiver les musiciens: plus de 260 dossiers sont parvenus à la RTS lors de l’appel à candidature. Un chiffre qui indique, selon le président du comité d’organisation de la Schubertiade pour la RTS, l’attachement de la scène musicale professionnelle à cet événement rassembleur.

Pour renouveler la formule, le comité d’organisation fribourgeois, présidé par Ruth Lüthi, a été particulièrement attentif à la relève du public. Les concerts seront gratuits pour les jeunes jusqu’à seize ans. De nombreuses propositions destinées aux enfants et aux familles, balisées comme telles dans le programme, entendent rappeler que la Schubertiade n’est pas réservée aux habitués des codes du concert classique. Au contraire! Pour les petites mains curieuses, trois pianos seront même disposés en plein air et librement accessibles. Et histoire de ne pas avoir d’excuse pour s’y rendre, les bus TPF de la zone 10 seront gratuits durant tout le week-end.

Musiciens ukrainiens

Mais la grande nouveauté de cette édition, c’est l’implication de la ville hôte dans la programmation. Dans le cadre du soutien aux artistes mis en place par la Ville de Fribourg pendant la pandémie, treize projets «made in Fribourg» ont été sélectionnés et produits pour la Schubertiade. Eux aussi sont accessibles gratuitement (lire ci-contre). La grande partie de l’affiche reste réalisée par Espace 2, qui a été attentive à varier les époques et les styles. De la musique ancienne à la musique contemporaine, des cuivres aux voix, du classique au folklore, ce sont 120 ensembles pour autant de propositions qui ont été retenus. La musique de Schubert bien sûr, qui a donné son nom à cette manifestation en souvenir des rencontres musicales organisées avec ses amis, continue d’être au programme.

De nombreuses propositions sont destinées aux enfants et aux familles

Et le jazz fait son entrée directement au haut de l’affiche avec la Suite symphonique jazz No. 2 de Max Jendly, lauréat 2022 du Prix culturel de l’Etat de Fribourg. Le compositeur a élargi les pupitres de son big band à des cordes pour vivre le «fantasme symphonique» de tout musicien jazz, souriait-il hier. Samedi soir à Equilibre, l’œuvre sera le point d’orgue du premier concert de gala, pour lequel il a voulu inviter une poignée d’instrumentistes ukrainiens exilés en Suisse et en Italie à cause de la guerre. Tandis que le second concert de gala, dimanche soir, aussi à Equilibre, verra l’Orchestre de chambre de Lausanne dirigé du violon par Renaud Capuçon dans le premier concerto de Mozart, le Rondo pour violon et orchestre de Schubert et la symphonie dite «écossaise» de Mendelssohn.