Prenez le mot jazz: il y a ces Z comme d’obliques audaces entre deux horizons. Chemins de traverse que trace, tous les deux ans depuis trois décennies, l’association Suisse Diagonales Jazz, faîtière des musiques improvisées qu’elle tente de faire circuler sur la partition de ce pays plié en quatre. Depuis la semaine passée, dix groupes de toutes régions linguistiques sillonnent ainsi les clubs helvétiques de Frauenfeld à Lugano et de Lyssach à La Chaux-de-Fonds, en passant par Fribourg ce week-end. Rasez les montages, comblez les fossés, qu’on s’entende jouer!
Car avant de s’exporter, la scène jazz nationale, portée par des écoles de haut niveau et des festivals de belle renommée, doit déjà parvenir à résonner par-delà ses propres enclos. Un décloisonnement qui profite à la relève et nourrit la curiosité d’un public friand de groove, cette langue universelle. Interview de la Biennoise Carine Zuber, ancienne programmatrice du Moods et présidente de l’association.
A quel besoin répond la tournée des Swiss Diagonales Jazz?
Carine Zuber: C’est un projet qui a été lancé dans les années 1990, à l’initiative du Moods de Zurich, de l’AMR de Genève et du Bird’s Eye de Bâle. Il est né de la difficulté des clubs à programmer des groupes d’autres régions linguistiques, et pour ces groupes à s’exporter hors de leur propre territoire. Avec le temps, de plus en plus de salles ont rejoint le projet, qui désormais sélectionne une dizaine de groupes tous les deux ans pour les proposer aux clubs de tout le réseau.
