«Tirer la nuit sur les étoiles» d'Etienne Daho. éternel Daholescent

Pop » Une fois encore, il ne faut pas rater le début du film. La chaleur est étouffante. Jusqu’à l’aube lointaine, il sera impossible de trouver le sommeil. La pellicule au format 35 mm tremblote. Les héros, deux gars, une fille se faufilent dans un parking, dégotent un coupé sport dont le propriétaire a oublié de verrouiller les portières. Le moteur rugit, les pneus patinent sur l’asphalte en fusion. La ville, bientôt, n’est plus qu’un lointain souvenir de verre et de béton. Place au désert, l’endroit rêvé pour Tirer la nuit sur les étoiles.

Bravo Monsieur Daho, ça c’est du titre! Tellement évocateur qu’on voit aussitôt James Dean et Natalie Wood, les héros de La Fureur de vivre, dans les rôles principaux. Voilà en substance ce que l’on raconte au chanteur français lorsqu’on parvient à le joindre au téléphone. Il rigole: «Ah, merci! De fait, c’est complètement ça. J’avais ce genre d’images en tête. Plus précisément une anecdote dans laquelle Ava Gardner et Frank Sinatra, sérieusement imbibés, s’en étaient allés dans le désert pour flinguer les étoiles. Pas d’inquiétude: ton film avec James Dean et Natalie Wood me convient fort bien. L’important, c’est de redonner un petit coup de projecteur sur un romantisme englouti.»

«L’important, c’est de redonner un petit coup de projecteur sur un romantisme englouti»
Etienne Daho

Le studio d’Abbey Road

Le morceau éponyme, placé en ouverture du nouvel album, le premier d’Etienne depuis Blitz en 2017, est un modèle de pop panoramique. Un duo avec Vanessa Paradis, hymne à la jeunesse éternelle, empreint de maturité. «Daholescent» tout simplement. «C’est exactement sur ça que j’essaie de communiquer. L’appétit, la jeunesse du cœur. L’envie en lettres majuscules.» Une envie qui éclaire le reste du disque tel un néon brûlant sorti tout droit de One From the Heart, le songe oublié de Francis Ford Coppola.

En dépit du temps qui passe, l’artiste démontre ici élégamment qu’il n’a rien perdu de sa capacité à composer le genre de pop song qui s’incruste dans les tympans (Boyfriend, Comme deux aimants, Respire, Le Chant des idoles). En moins de trois écoutes, sinon ce n’est plus du jeu…

Tirer la nuit sur les étoiles a été enregistré entre Paris, Londres (le studio Abbey Road cher aux Beatles, what else?) et Saint-Malo, sous la direction notamment du fidèle Jean-Louis Pierrot, ex-Valentins. Parmi les fines gâchettes qui entourent le chanteur, on remarque bien entendu le Vaudois Marcello Giuliani, lequel tient la basse depuis L’Invitation en 2007.

«J’ai travaillé le disque comme un album vinyle. En pensant à un tout. Avec un début, un centre, une fin et quelques phares pour illuminer la piste de danse. J’ai toujours pensé mon travail de cette manière, même quand le support vinyle n’existait plus. C’est indispensable pour moi. Dans les années 2000, deux de mes albums ne sont pas sortis en format 33 tours parce que ma maison de disques d’alors estimait que ça n’intéressait plus personne. Hé bien, je ne les ai vraiment considérés comme des véritables albums que récemment, lorsqu’ils sont enfin sortis en vinyle!»