Quartier du Flon, on se faufile entre le Moulin à danse, le studio du bouillonnant Pascal Auberson et celui de l’ingé son Benoît Corboz pour descendre au deuxième sous-sol: l’antre des Jumeaux, nouveau club capital. La scène résonne encore des grooves inauguraux de Michael League et Bill Laurance, figures de proue du génial collectif brooklynois Snarky Puppy, venus il y a quelques jours. Il y en aura d’autres, de ces élans, en proche synergie avec le Cully Jazz Festival, qui cette semaine profitait de ce nouveau lieu culturel voisin pour présenter la programmation de sa 41e édition.
C’est que, sur la carte des avant-gardes jazz, l’agglomération lausannoise, portée aussi par le vivier de l’HEMU, par la pertinence de Jazz Onze + et le renouveau bienvenu de Chorus, inscrit ses ambitions entre New York et Londres, affirme sa place dans un circuit en pleine effervescence. «Le jazz est au centre de l’attention outre-Atlantique et en Angleterre, et l’on doit se battre pour programmer ici certains artistes typés jazz mais qui commencent à jouer sur d’autres scènes, notamment dans de grands festivals pop-rock, où ils demandent des cachets complètement fous», note Jean-Yves Cavin, codirecteur et programmateur du rendez-vous culliéran, qui affirme sa volonté de «rester un festival sympathique et raisonnable, capable de maintenir des prix attractifs en évitant la surenchère».
Basse continue
Savant équilibre donc, mais qui se fonde sur une recette éprouvée de longue date, soigneux assemblage de pointures et promesses capable de fidéliser un public curieux d’inouï. Ils étaient 14 000 l’an passé sous le nouveau chapiteau, un record, dont la météo mitigée (ce qui veut dire pluvieuse en vaudois) aura toutefois tempéré la soif, donc les dépenses. «Nous avons fait un résultat légèrement positif, mais nos réserves sont toujours au plus bas, confie Guillaume Potterat, codirecteur responsable des infrastructures. Nous sommes dans une situation financière saine mais précaire, fragilisée par les frais qui augmentent, comme partout.» Mais ce qui augmente aussi, c’est l’intérêt pour cette programmation qui, entre IN et OFF (le menu des caves sera dévoilé fin février), déploie du 5 au 13 avril une rare richesse de musiques improvisées.