Sortir ailleurs » Elle ferait bien de s’en inspirer, elle au répertoire si limité, cinq pauvres morceaux de circonstance qu’elle joue si mécaniquement! Certes, on doit à la vérité de rappeler que La Musicienne est un prodigieux automate conçu par Henri-Louis Jaquet-Droz en 1774, chef-d’œuvre d’engrenages mélomanes dont les doigts touchent avec une grâce machinale un véritable clavier d’orgue. Mais tout de même, dès vendredi et pendant une semaine, c’est un exploit musical d’un tout autre registre qui se jouera dans la pièce adjacente du Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel.
Formidablement vivants pour leur part, ce sont 36 clavecinistes qui vont en effet se relayer pendant les après-midi d’ouverture du musée pour y faire entendre l’intégrale des 555 sonates de Domenico Scarlatti. Un marathon collectif pour arpenter ce répertoire vaste comme un territoire, dont la vingtaine de sommets célèbres a fait oublier de nombreux reliefs restés inexplorés. «On joue toujours les mêmes pièces, par facilité et par manque de temps, alors que les trésors ne manquent pas!» note la claveciniste Dorota Cybulska, coorganisatrice de cet événement plutôt inédit. «Il y a déjà eu quelques intégrales, au disque avec Scott Ross en 1985 ou en concert avec la série organisée par France Musique en 2019. Mais c’est la première fois que toutes les sonates seront jouées en continu ou presque, et sur instruments d’époque.»