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Culture

Beaux-arts. A Genève, de l’humour belge aux cimaises

Le Flamand Wim Delvoye revisite les collections du Musée d’art et d’histoire de Genève et y insuffle un best of de son art. Drôle, ludique et… conservateur.

Dans le hall d’accueil du musée, une version «twistée» de Vénus et Adonis accueille le public. © MAH/Stefan Altenburger

23 février 2024 à 15:20

Temps de lecture : 1 min

Demandez à Wim Delvoye d’émettre un avis sur l’art ou notre époque et il lâchera immanquablement quelques perles d’humour (belge). Que pense-t-il de la collection du Musée d’art et d’histoire de Genève, le MAH, qu’il a remixée dans L’ordre des choses? «C’est comme un grand marché aux puces et moi j’adore ça, ce n’est pas différent de Drouot ou Sotheby’s», ­célèbres maisons de vente aux enchères. Et qu’aime-t-il dans l’art? «Je suis autant intéressé par une nouvelle boîte de ­céréales Kellogg’s que par une œuvre d’art contemporain ou une sculpture d’Antonio Canova.» Par exemple la ­Venus Italica (1807-1810) sortant de son bain, recopiée en bronze pour y creuser un circuit de billes. Elle trône en fin de première salle, au rez-de-chaussée de la vénérable institution.

Du haut de ses 59 ans, l’artiste mondialement connu pour Cloaca (2000), grande machine fabriquant littéralement de la merde, prend en charge la quatrième «Carte blanche XL» du MAH. Et comme l’artiste Ugo Rondinone l’an dernier, il réalise un savant mélange entre ses propres œuvres, réalisées entre 1993 et aujourd’hui, et des dizaines de pièces puisées dans les collections ­aussi pléthoriques que tutti frutti de l’institution. «Je suis assez content du résultat», sourit-il, le assez signifiant très.

«Dans l’exposition, le regard ne peut pas se fixer, il doit sans cesse prendre en compte ce qui entoure les pièces montrées», formule Marc-Olivier Wahler, directeur du musée à l’origine de l’invitation – il connaît l’artiste «depuis plus de vingt ans». Il est vrai qu’en plus des billes-bostryches qui tournent dans ­plusieurs sculptures, des boules d’acier parcourent un circuit monté le long de certains murs – les invitations à folâtrer du regard sont nombreuses.

Sculpture essorée

Look Benelux avec lunettes à cadre épais et cheveux gominés, Wim Delvoye explique avoir porté «quatre chapeaux» pour cette exposition: ceux d’artiste et de curateur, c’est entendu, mais également celui d’architecte, à l’heure d’installer, et de collectionneur, ayant prêté plusieurs pièces en plus de celles qu’il signe – elles proviennent majoritairement de son Studio, à Gand. Pour sa sélection de plus de 400 items du MAH, il a été «obligé d’exclure de nombreuses pièces déjà montrées» lors des trois cartes blanches précédentes. «J’ai choisi de développer un discours autour de la ­valeur et de la légitimation sociale. Chaque salle est comme une petite ­narration et ma tâche était de tout mettre dans une grande histoire.»

Après avoir contourné une version essorée («twistée») par Delvoye de la sculpture Vénus et Adonis de Canova, qui accueille le public au musée, on ­traverse la salle des sculptures tout en femmes nues – Pradier, Canova, Delvoye –, avant deux espaces dédiés à la peinture, où la contemplation est toutefois perturbée par les sphères lancées dans leur grand huit, qui passent à travers cimaises et… œuvres: des imitations de Warhol ou Picasso, symboles de l’extrêmement cher, ou des pièces de peintres et sculpteurs anonymes collectionnées par Wim ­Delvoye. Par exemple un portrait de Michel-­Ange non daté acheté «deux à trois mille euros à Drouot, essentiellement pour son cadre», qui est resté intact, lui. «La Suisse est le pays des tunnels, alors j’en ai fait plein – il y a de nombreux de clins d’œil, références et compliments à ce pays.»

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