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Climat. Climat: stratégie du Royaume-Uni contestée devant la justice

La stratégie d'adaptation au changement climatique du Royaume-Uni s'est retrouvée contestée mardi devant la justice. L'association Friends of the Earth et deux Britanniques qui se disent victimes du réchauffement de la planète la considérent comme insuffisante.

Dans les pays du nord-ouest de l'Europe comme le Royaume-Uni, le réchauffement climatique provoque une multiplication des tempêtes, des inondations meurtrières, mais aussi des vagues de chaleur et de feux de forêts inédits.KEYSTONE/EPA/DMITRIS LEGAKIS

ATS
AFP

ATS et AFP

23 juillet 2024 à 17:12

Temps de lecture : 3 min

Lors de cette procédure inédite qui a débuté devant la Haute Cour de Londres et doit durer deux jours, la branche britannique des Amis de la Terre et ces requérants soutiennent que le gouvernement n'a pas rempli ses obligations légales et n'est pas prêt à faire face aux conséquences déjà dévastatrices du changement climatique.

Leur recours cible le Programme national d'adaptation (NAP3) du Royaume-Uni, publié en juillet 2023 par le gouvernement conservateur de l'époque, qui définit la stratégie pour protéger les habitants, bâtiments et infrastructures face aux vagues de chaleur ou aux inondations.

Revoir le plan

Celui-ci porte sur cinq ans. Mais les requérants veulent convaincre la justice que l'exécutif, désormais travailliste, doit revoir en urgence ce plan "terriblement insuffisant", a souligné en amont de l'audience un de leurs avocats, Rowan Smith, pour qui cette affaire est susceptible "d'avoir des implications majeures pour plusieurs générations à venir".

Le rôle de la justice est de faire en sorte que le gouvernement "produise un (plan) conforme à la loi" et de "s'assurer que le cadre légal mène à un (plan) clair", pour adapter le pays au réchauffement climatique, a défendu à l'audience David Wolfe, l'avocat de l'ONG.

Violation des droits humains

Selon cette dernière, le précédent exécutif n'a pas respecté certaines obligations de la loi climat de 2008, et son incapacité à produire un tel plan constitue une violation des droits humains des deux plaignants.

Kevin Jordan, un retraité de 71 ans dont la maison était menacée par l'érosion sur la côte du Norfolk, dans l'est de l'Angleterre, a rejoint cette action en octobre 2023.

Quelques semaines plus tard, son logement a dû être démoli en urgence après une violente tempête, qui a fait reculer de plusieurs mètres la falaise sur laquelle sa maison était bâtie. Il n'a touché aucune compensation de l'Etat, faute de dispositif national pour les victimes de l'érosion côtière. "M. Jordan avait raison de s'inquiéter", a fait valoir David Wolfe à l'audience mardi.

Doug Paulley, qui vit à plus de 300 kilomètres de là dans le Yorkshire (nord), veut de son côté mettre en lumière le manque de solutions apportées aux personnes vulnérables et handicapées qui, comme lui, souffrent de manière exacerbée des vagues de chaleur. Les deux hommes étaient présents mardi à l'audience.

Multiplication des tempêtes

Dans les pays du nord-ouest de l'Europe comme le Royaume-Uni, le réchauffement climatique provoque une multiplication des tempêtes, des inondations meurtrières, mais aussi des vagues de chaleur et de feux de forêts inédits.

"Mon combat a été perdu, mais je veux toujours me battre pour les gens qui vivent près d'ici", défend Kevin Jordan, interrogé par l'AFP dans la station balnéaire d'Hemsby où se trouvait sa maison.

En mars, l'organisme indépendant chargé de conseiller l'exécutif britannique sur le climat avait lui-même jugé que le plan d'adaptation NAP3 n'était "pas à la hauteur", et devait être amélioré sans attendre 2028.

Le précédent suisse

Kevin Jordan se dit aussi "encouragé" par l'arrêt historique rendu début avril par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), qui a condamné pour la première fois un Etat - la Suisse - pour inaction face au changement climatique.

Sous le précédent gouvernement conservateur de Rishi Sunak, le Royaume-Uni était revenu sur plusieurs de ses mesures climatiques phares.

Rattraper le retard

La semaine dernière, la Commission sur le changement climatique (CCC) a exhorté le nouveau gouvernement travailliste de Keir Starmer à agir "vite" pour rattraper son retard en vue d'atteindre ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Contacté par l'AFP, le ministère de l'Environnement a indiqué que le nouveau gouvernement "s'assurera que le Royaume-Uni est préparé (face aux changements induits par le réchauffement climatique), en renforçant la résilience à travers le gouvernement et les communautés locales".

"Nous ne perdrons pas de temps pour agir", a-t-il ajouté, évoquant l'amélioration de la durabilité des infrastructures, le déploiement de protection contre les inondations ou encore la plantation d'arbres à travers le pays.