Intelligence artificielle. une révolution, vous êtes bien sûrs?

Le mot de la fin » On a parlé de révolution. On a utilisé les mots disruption, bouleversement ou cataclysme. Les experts processionnent sur les plateaux télé pour aborder cette nouvelle ère, celle de la rupture technologique et de l’humanité obsolète, celle du règne de l’intelligence artificielle, celle de ChatGPT. Comme tout le monde, j’ai fini par aller voir à quoi ça ressemble. Verdict? Bof.

Oui bof. Comme je n’ai pas vraiment l’habitude de babiller avec mon ordinateur, je lui ai simplement demandé de me raconter une blague. Deux en fait une fois précisé «drôle», devant le carnage de sa première tentative. Assez pour en conclure que ma nièce était plus spirituelle. Et elle a 18 mois.

Intelligence artificielle: on a discuté avec ChatGPT (et c'est stupéfiant)

Bref, j’ai bien peur que Chat GPT n’ait aucun humour. La preuve, personne ne se bidonne depuis sa création. Non, l’ambiance est plutôt à la panique, au sauve-qui-peut général à la perspective du grand remplacement, celui de l’homme par la machine, celui du créateur englouti par sa créature. Oui, à en croire les éminents spécialistes de l’intelligence artificielle, nous sommes au seuil d’un nouveau paradigme, à la page 138 de Frankenstein, à la 124e minute des 6 heures et demie que dure, à la louche 2001, l’odyssée de l’espace, nous sommes les protagonistes un peu niais de nos romans de science-fiction les plus sombres, sombres comme les heures qui nous attendent lorsque les robots auront définitivement pris le contrôle. Tout ça pour une poignée d’algorithmes qui recyclent vos vieux emballages Carambar quand vous lui demandez un trait d’esprit. Et si, derrière cette angoisse séculaire de voir le genre humain broyé par sa mégalomanie, ce n’était pas plutôt nous que nous craignions?

Pourquoi ne pas s’être alarmé au moment de l’invention de la guillotine, du missile balistique ou du coussin péteur?

Notez, il y a de quoi. De quoi s’inquiéter quand on voit avec quelle allégresse et, il faut le dire, un certain sens de la narration, nous sommes capables de raser un peuple ou un continent. La question qui se pose c’est pourquoi maintenant? Pourquoi ne pas s’être alarmé au moment de l’invention de la guillotine, du missile balistique ou du coussin péteur? Nous en avons eu quelques-unes, des occasions de nous demander si nous n’allions pas un peu dans le mur «Dis Freddy, t’es sûr de ton histoire de dynamite?» A première vue, il semble que l’arme nucléaire, la kalachnikov ou la doudoune sans manches représentent de plus grands périls pour notre survie qu’un programme capable de vous pondre une recette en apprêtant les restes de votre frigo.