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Le mot de la fin

Chronique. «Rasta Rockett» en piste pour toujours

Pascal Bertschy a toujours autant de plaisir à revoir la comédie Disney mettant en scène des bobeurs jamaïcains, qui fête ses trente ans. Et il trouve dans cette histoire une signification bien contemporaine

La joyeuse bande de Rasta Rockett a trente ans et toutes ses dents. © DR

19 octobre 2023 à 01:40

Le mot de la fin » Déjà? Oui, déjà: Rasta Rockett, de Jon Turteltaub, a trente ans. La comédie Disney, sortie en octobre 1993, n’est d’ailleurs pas près de redescendre du podium de la bonne humeur. Raconter l’histoire romancée des Jamaïcains en lice aux Jeux d’hiver de 1988 dans les courses de bobsleigh, c’était l’idée à avoir. Rasta Rockett est le film qu’il suffit de citer autour de soi pour voir apparaître aussitôt de larges sourires. Ah oui les Jamaïcains, c’était rigolo ça…

Les derniers seront les premiers? Cette parabole a du vrai: depuis trente ans, les sous-doués du bob restent en tête des audiences. Une rediffusion de Rasta Rockett sur n’importe quelle chaîne, c’est un million de téléspectateurs garanti. Même dans les pays comptant moins d’un million d’habitants!

Quatre rastas quittent leur île tropicale pour le froid polaire du Canada. Le dépaysement les survolte: ils n’ont jamais vu la neige et lui donnent pourtant mille couleurs. Avec eux, le bobsleigh se confond avec l’épreuve du chien dans un jeu de quilles. Leur entraîneur américain leur apprend comment faire entrer une tête dans un casque trop petit pour elle. De gaffes en gags, cette joyeuse bande décroche toutes les médailles de l’humour bon enfant.

Tiens, anecdote amusante. Pour les trente ans du film, le réalisateur Jon Turteltaub l’a racontée dans la presse britannique: Disney l’avait prié d’américaniser l’accent jamaïcain des héros, trop prononcé et susceptible d’être incompris du public nord-américain.

Disney avait fait gommer l’accent trop jamaïcain

Suisses stigmatisés

Un tel manque de tact envers une minorité, c’est du beau venant de la compagnie désormais en charge de la diversité et de la rééducation des masses. Ce n’est toutefois pas grand-chose, comparé à la stigmatisation subie par les Suisses dans le film. Les bobeurs helvétiques montrés par Rasta Rockett: des premiers de classe imbus d’eux-mêmes et arrogants à l’égard des Jamaïcains.

A Calgary, en 1988, la Suisse avait remporté l’épreuve du bob à quatre. Ekkehard Fasser, Kurt Meier, Marcel Fässler et Werner Stocker, nos médaillés d’or, avaient-ils ri en découvrant le film?

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