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Le mot de la fin

Chronique. pourquoi ces vaches que l'on exploite ne nous détestent-elles pas?

Notre chroniqueuse Angélique Eggenschwiler rend hommage aux vaches, que nous «consommons de la mamelle au ragoût», et qui pourtant ne nous en tiennent pas rigueur


25 octobre 2023 à 18:45

Le mot de la fin » J’ai toujours aimé les vaches. Leur douceur, leur curiosité, leur calme hospitalité. Cette façon qu’elles ont de vous regarder en courbant la nuque, de glisser leur langue rugueuse le long de vos avant-bras en quête d’une caresse, une touffe de pissenlits, un sachet de Dar-Vida oublié au fond votre sac de randonnée.

Des colosses fragiles que je quitte souvent l’estomac lourd, pleine de crackers et de confusion, un peu idiote, un peu amère. Un peu coupable. Une mélancolie au goût sésame-gruyère qui se fond dans le chant des sonnailles alors que je franchis le bovi-stop sous leurs regards attentifs. Et doux. Et sans rancune. J’aime les vaches parce qu’elles ne me détestent pas.

Moi, mon espèce qui depuis l’aube des temps les exploite, les entrave, les consomme de la mamelle au ragoût, espèce qui les entasse dans des camions sur des centaines de kilomètres d’asphalte brûlant. Espèce qui regarde la sienne avec son estomac, transforme tant de hauteur, d’intelligence, tant noblesse en bouillon cubes. Espèce devant laquelle elles reculent.

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