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Le mot de la fin

La préservation des jardins secrets


19 avril 2022 à 04:01

Le mot de la fin » Madame et Monsieur allaient tranquillement vers les 80 ans. Avec plus d’un demi-siècle de mariage au compteur, des enfants robustes et aimants, des petits-enfants qui finissaient leurs études, ils avaient tout lieu de regarder leur vie avec fierté.

Ils se quittaient rarement. On les voyait qui se promenaient dans le quartier main dans la main qui se disaient des mots doux. Depuis qu’il avait pris sa retraite, c’est Monsieur qui faisait les courses.

Depuis qu’il avait pris sa retraite, c’est Monsieur qui faisait les courses

Il l’avait décidé. Dans l’appartement, il n’était d’aucune utilité. S’il avait su se servir d’un marteau-piqueur et d’une tronçonneuse, il refusait de comprendre le fonctionnement d’un aspirateur. Mais au supermarché, pardon, il savait y faire, mais il avait ses petites préférences. «Pour lui, c’est Manor sinon rien!» résumait Madame. Et quand on lui objectait qu’il y avait meilleur marché, elle répondait que Monsieur était très attaché à son magasin, qu’il aimait bien poser des questions aux vendeuses, se renseigner… Madame avait bien essayé, un jour, de l’emmener à la Migros. Monsieur avait toutefois renâclé et même fait la gueule la moitié de la semaine. Alors autant le laisser faire.

Quand Monsieur partait en courses, avec sa liste et son cabas, Madame allait boire le café. Et quand on lui demandait pourquoi elle ne l’accompagnait pas, elle plaidait le manque de patience, racontait qu’elle avait tenté l’expérience une ou deux fois et qu’elle ne réitérerait pas. A Manor, Monsieur était un véritable spectacle. Il retournait les boîtes, comparait les prix et les dates de péremption, avançait, revenait sur ses pas, changeait d’avis… Des heures que ça prenait, Madame était témoin, alors autant le laisser faire et papoter avec les copines!

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