Logo

Le mot de la fin

La Joux et Le Crêt, souvenirs brûlants

Certaines glaces et certains jours de canicule marquent parfois une enfance.

2 juin 2021 à 04:01

Temps de lecture : 1 min

Le mot de la fin

Il n’a jamais fait aussi chaud qu’entre La Joux et Le Crêt, le jour de la Fête-Dieu. C’était en 1985… 1986 peut-être. On était venu passer le jeudi auprès de pépé et mémé, avec les oncles et tantes. La grande table était dressée sur la cour pavée. On était bien sous les parasols et il n’y avait aucune raison de déserter les lieux.

Aussi, je ne saurais vous dire pourquoi nous avions quitté la ferme avec mon cousin Jérôme, en plein après-midi. Nous avions pris un chemin de terre, et coupé par les champs. Nous parlions de tout et de rien, de l’école et de Capitaine Flam, enfin de ces sujets si importants avant les grandes marées hormonales.

Je me souviens que nous étions sans casquettes, et c’était comme si le soleil nous clouait au sol. La balade se transformait en calvaire. Impossible d’aller trop loin. Il y avait un kiosque ou peut-être une épicerie, ça je l’ai oublié. Jérôme avait de la monnaie sur lui. Il a acheté deux glaces à l’eau.

La sensation de fraîcheur dans ma bouche. Le soleil souverain. Un imparable bonheur. J’avais dit à Jérôme que je n’avais jamais eu aussi chaud, et que jamais plus une glace ne me procurerait un tel plaisir.

Kashan, Iran. C’est l’été de l’an 2000 et je trace la route. J’ai prévu de rester quelques jours. Et puis la chaleur étouffante, l’envie d’aller de l’avant me poussent à abréger mon séjour, à moins que ce ne soit ce joyeux adolescent, guide improvisé, qui m’avait fait visiter la ville la veille, et m’avait dit, tout fier: «Vous savez que Kashan détient un record? – Non. – C’est la ville au monde où on trouve le plus de scorpions.»

Je n’ai pas vérifié, ni ce jour ni jamais, mais au réveil, j’inspecte l’intérieur de mes chaussures avant d’y glisser le pied et de filer droit vers la gare routière. Le trajet sur un sentier de terre en bordure de la ville est éprouvant. J’ai l’impression de fondre sur place.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus