Chronique. la discorde roule à trottinette

Le mot de la fin » Elle est partout. Signe avant-coureur d’une civilisation sur le déclin, elle est le symbole de la fin du savoir-vivre, de l’hébétude de la jeunesse, elle est la ligne de fracture entre deux générations qui ne parlent plus la même langue, une fissure dans la façade délabrée de la collégialité. Vous l’aurez reconnue, je parle bien sûr de la trottinette électrique.

La trottinette, oui, sur toutes les lèvres en ce moment: «Ils se croient vraiment tout permis, l’autre jour j’ai failli me faire renverser sur le trottoir!» «On n’est pas rendu avec c’t’équipe de gauchos en trottinette…» Même Michel Sardou s’y met: «Le prochain, je me le fais!» dixit le chanteur à propos des cyclistes qui, comme les conducteurs de trottinettes, «vraiment nous les cassent».

Sa trottinette électrique roulait à 148 km/h

Vrai qu’ils nous les cassent ces bobos pleins de principes et de petites roues. Où va-t-on, telle est la question, surtout si nous y allons à trottinette. Vous serez donc ravis d’apprendre que si le monde va mal, si la planète se réchauffe, les adolescents s’entre-tuent et les nonagénaires se font violer dans la banlieue toulousaine, c’est la faute aux trottinettes.

Alors bon, je ne connais pas les statistiques sur le taux de criminalité chez les deux-roues ni le pourcentage de trottinettes actuellement incarcérées dans nos prisons, mais il me semble que la menace passe après. Après les bombardements sur les centrales nucléaires, après les émissions carbone, le terrorisme, après la violence conjugale, le crime organisé, les attaques de noix de coco (qui tuent en moyenne 15 fois plus que les attaques de requins, lesquelles sont également plus meurtrières que les attaques de trottinettes)… Après, quoi.