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Le mot de la fin

Je n’aurai jamais qu’une bénichon


1 septembre 2021 à 04:01

Le mot de la fin » Depuis que j’habite Fribourg, je décline toutes les bénichons avec endurance, abnégation, et je ne saurai bientôt plus quel prétexte inventer pour me défiler. Qu’on me comprenne bien, je ne suis pas réfractaire aux agapes, j’ai la fourchette enthousiaste et je suis heureux en compagnie. Mais ma bénichon, je l’ai déjà vécue, elle me reste dans un coin du cœur parce qu’elle marque la fin de mon enfance. Alors, je me braque, et par souci d’équilibre, je promets haut et fort que c’est lorsque je serai décidé à devenir vieux que je m’attablerai de nouveau devant la soupe aux choux et le gigot. Pas avant.

La bénichon, comme tout gamin de Genève, je ne savais pas ce que c’était

La bénichon, comme tout gamin de Genève, je ne savais pas ce que c’était. Nous étions partis un peu tôt ce dimanche matin, et j’avais dû abandonner à regret une BD inachevée sur le coin de mon lit. En voiture, et direction la famille! Les retrouvailles n’eurent pas lieu à la ferme dont s’occupaient Pépé et Mémé, mais dans un restaurant, du côté de Vuisternens-devant-Romont. Je ne pourrais vous dire pourquoi Pépé et Mémé tenaient tant à ce que nous soyons là, s’il y avait une raison cachée à notre réunion, je sais juste qu’ils n’avaient pas les moyens de ce genre de folie, et que nous étions nombreux ce jour-là à nous faire dorloter la panse.

Les cousines et cousins disparaissaient entre les plats pour filer dehors, sur la bande herbeuse ou le gravier de la cour. Il nous suffisait de quelques mètres de liberté pour inventer un jeu qui nous amuserait des heures durant. Enfin, quand je dis «nous», c’est abusif, car je n’ai pas bougé de table. A cause du plaisir du repas, bien sûr, de l’extase gustative, de l’impression de s’emplir au-delà du raisonnable en se demandant s’il resterait de la place pour le dessert. Mais surtout à cause de la conversation des adultes qui n’était plus le brouhaha incompréhensible qui me barbait tant d’ordinaire. Je m’intéressais. Je voulais savoir. J’étais tout ouïe aux débats qui se faisaient plus passionnés au fil du repas.

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