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Suisse

Les pourboires se font toujours plus petits dans les restaurants

Les jeunes Suisses se montrent plus pingres en matière de bonne-main, sous l’effet de la numérisation

Photos prétexte pour l’article sur le pourboire dans les restaurants Photo Lib / Charly Rappo, Fribourg, 08.08.2023Charly Rappo/Charly Rappo / La Liberté

8 août 2023 à 22:38

Temps de lecture : 1 min

Consommation » «Un cappuccino à 5 francs, je ne laisse rien», déclare un habitué de ce tea-room fribourgeois. Et de déplorer que les prix aient pris l’ascenseur dans les cafés, ces quinze dernières années. Questionnée, la serveuse indique que très peu de clients laissent désormais un pourboire avec le paiement par carte.

Mauro Moretto, coresponsable du secteur tertiaire d’Unia, fait le même constat: «En payant numériquement, les clients ont moins le réflexe d’ajouter une bonne-main. Une partie pense que le risque est aussi plus grand que l’employeur empoche l’argent», fait-il remarquer.

Selon une étude publiée récemment par la banque Cler, le pourboire numérique parvient à la bonne personne aux yeux de 5% des sondés seulement. Ils sont, en outre, une majorité à affirmer que le cash représente un moyen de paiement de la bonne-main plus confortable. Pour 40% d’entre eux, régler l’addition par carte rend également plus facile le fait de donner moins ou pas du tout de bonne-main. Et 62% des individus questionnés se montrent moins généreux qu’à l’accoutumée du fait qu’ils n’ont que peu ou pas d’argent liquide.

Petits budgets

«La culture du pourboire risque de se perdre en Suisse», avertit Natalie Waltmann, responsable de la communication pour la banque bâloise. En effet, les jeunes font davantage preuve de pingrerie en la matière. Est-ce lié à leur pouvoir d’achat plus faible? En partie. «Si le comportement en la matière des 14 à 19 ans est appelé à changer avec l’augmentation de leurs revenus, les personnes âgées de 20 à 29 ans donnent moins de bonne-main que les autres», précise la cheffe de la communication.

«La culture du pourboire risque de se perdre en Suisse»
Natalie Waltmann

D’après Natalie Waltmann, le numérique pourrait en être la raison: «Les consommateurs qui n’ont que leur carte et donc peu ou pas d’argent liquide sur eux versent moins de pourboires que d’habitude. C’est davantage le cas chez les jeunes interrogés de moins de 49 ans. Les personnes âgées de 50 ans et plus ont souvent encore suffisamment d’argent liquide sur elles.» Il sera intéressant de voir si les gens s’habituent à donner des pourboires par carte à l’avenir, selon elle.

A la tête du Bar’BQ à Bulle, Aude Fischer observe une légère baisse au niveau du montant de la bonne-main. Au côté de la numérisation, elle impute ce recul à la hausse du coût de la vie. «Les petits budgets repartent avec le sourire, mais ne laissent plus forcément quelque chose. Globalement toutefois, les clients restent généreux», constate-t-elle.

Une générosité qui se reflète dans les chiffres. Selon le sondage de la banque Cler, 85% des individus interrogés affirment octroyer un pourboire au restaurant, dont 62% systématiquement. Une étude de la Haute Ecole des sciences appliquées de Zurich (Zhaw), menée en septembre 2022, parvient à la même conclusion.

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