Logo

Suisse

Le collier aux phéromones, «dernier espoir» des éleveurs contre les attaques du loup

Des scientifiques tessinois misent sur cette substance pour repousser les assauts du prédateur

Les animaux de rente s’habituent rapidement à l’odeur du collier qui diffuse des phéromones. © Chiara Zocchetti

10 septembre 2023 à 13:00

Temps de lecture : 1 min

Protection » Le biologiste éthologue Federico Tettamanti et le chimiste Davide Staedler ont mis au point une solution innovante pour protéger les bêtes d’élevage du loup: les phéromones font office de barrière olfactive. Les premiers essais sont prometteurs. Entrevue avec Davide Staedler.

Comment est né votre projet?

Davide Staedler: Celui-ci a été conçu il y a trois ans sous l’impulsion du Studio Alpino, dirigé par Federico Tettamanti, biologiste éthologue, dans l’espoir de limiter les contacts entre les loups et les animaux de rente. Nous avons d’abord fait des tests en laboratoire, puis au zoo de Buchenberg, en Autriche. Pendant plusieurs mois, nous avons mis 200 kilos de viande dans l’enclos de la meute de loups; les prédateurs la mangeaient. Ensuite, nous avons placé un petit sachet contenant des phéromones près de la viande; les loups ont immédiatement cessé de s’en approcher. Enfin, nous avons fait des tests avec des animaux d’élevage dans un environnement naturel contrôlé pour nous assurer que le comportement de ceux-ci ne soit pas modifié. En 2023, nous avons posé 728 colliers en Suisse et en Italie, essentiellement sur des chèvres, des moutons et des veaux. Notre but est de tester l’efficacité du dispositif. Nous allons conclure la phase d’évaluation cet automne et en tirer les conclusions.

Comment fonctionne votre collier?

Il s’agit d’une barrière olfactive pour que le loup ne s’approche pas de ses proies. Nous utilisons une substance chimique naturelle, les phéromones, que nous plaçons dans un collier qu’on attache au cou de l’animal à protéger. Les phéromones sont des substances chimiques produites par les animaux; elles sont libérées dans l’environnement et peuvent influencer le comportement d’autres individus de la même espèce. Elles sont des molécules organiques volatiles relativement petites que les animaux perçoivent grâce à leur odorat et qu’ils transmettent ensuite au cerveau par un signal neuronal. Nous avons sélectionné trois molécules – elles dégagent une odeur âcre, semblable à celle de la truffe – dont la structure chimique est similaire à celle des phéromones de loup, dans le but de le dissuader d’attaquer ses proies. Elles agissent comme une frontière. Elles communiquent au cerveau du prédateur que cette proie et ce territoire ne lui appartiennent pas.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus