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Hockey sur glace

Bon ben quoi. le HC Bienne, club romand ou pas?

Adversaire de Genève en finale du championnat dès ce soir, Bienne revendique sa propre identité


14 avril 2023 à 04:01

Hockey sur glace » «Ici c’est Bienne!» Dans la patinoire comme sur les sachets de sucre distribués avec le café dans le restaurant adjacent, le slogan est en français, rien qu’en français. Sans avoir l’air de rien, cette petite phrase dit quelque chose de l’ouverture d’esprit et de culture de la plus grande ville bilingue de Suisse. Traversés par le Röstigraben, Biel et ses 56’000 habitants à majorité germanophone cohabitent le plus naturellement du monde avec leur alter ego: Bienne, à 43% francophone au 31 décembre 2022.

Dans le Seeland, si proche mais pourtant si loin du Jura bernois et de ses considérations identitaires, la question de l’appartenance ne se pose pas. Ou si peu. Le débat existe, ça oui, mais ailleurs. Il s’est intensifié depuis la qualification du club local pour la finale des play-off, qui l’opposera à partir d’aujourd’hui à Genève-Servette. Lorsque le duel à venir est présenté comme 100% «welsch», certains grincent des dents. Pas assez alémanique pour le Zurichois, trop bernois pour le suiveur lémanique, Bienne flotte entre les lignes. «Nous sommes Romands et Alémaniques, mais avant tout Biennois», tranche à sa façon la coprésidente Stéphanie Mérillat, plus amusée qu’agacée par cette non-binaritée contestée. «Je ne comprends pas ce besoin de nous catégoriser. Je ne veux pas qu’on nous mette dans une case!»

Bon pour le business

«Ni l’un ni l’autre je suis, j’étais et resterai». Contrairement à Stromae dans son tube Bâtard, le bourreau des ZSC Lions en demi-finale ne porte que très peu d’attention au melting-pot qui le compose. Pour mieux s’en nourrir? «Le HC Bienne permet aux entreprises alémaniques de s’ouvrir vers la Romandie et vice versa. C’est un atout commercial. Notre résonance est bonne des deux côtés du pays, alors pourquoi choisir un camp?» insiste la dirigeante.

43%

de la population biennoise est francophone

Stéphanie Mérillat est la voix francophone du club, Gaëtan Haas celle de l’équipe. Avec le jeune Noah Delémont, ils sont les deux seuls joueurs de l’effectif à pratiquer la langue de Molière depuis la naissance. «Le vestiaire est très suisse alémanique, mais comme l’indique son nom, Biel-Bienne est une ville parfaitement bilingue. Il suffit de se balader dans le centre pour s’en rendre compte», indique Yannick Rathgeb. Bernois possédant un pied-à-terre à Schmitten, l’ancien défenseur de Gottéron joue les parfaits ambassadeurs de ce modèle qu’il vante: même fédéral, son français tient la route. «J’ai fait l’erreur de répondre à une interview dans votre langue, sourit-il. Depuis, les Welsches me sollicitent souvent.»

«Je me sens Romand»

Au contraire du joueur francophone, une espèce rare à la Tissot Arena, les journalistes couvrant l’actualité du club sont nombreux. Télévision, radio, presse écrite: tous ou presque font partie du groupe Gassmann et cohabitent dans un grand open space près de la gare. «A chaque briefing matinal, ça passe de l’allemand au français de façon totalement naturelle. C’est aussi ça, Bienne», s’amuse Laurent Kleisl, rédacteur en chef du Journal du Jura. L’ancien reporter hockey se dit impatient de suivre «une finale 100% romande». «Quand j’entends que le dernier titre romand remonte à 1973 (La Chaux-de-Fonds, ndlr), donc qu’on enlève volontairement les trois sacres biennois, ça me fait sauter au plafond. Je me sens Romand et donc légitime de me considérer comme tel.»

«Quand j’entends que le dernier titre romand remonte à 1973, donc qu’on enlève volontairement les trois sacres biennois, ça me fait sauter au plafond.»
Laurent Kleisl

Directeur général des programmes de TeleBielingue, Laurent Wyss remet aussitôt en question la proportion de son collègue. Non sans avoir précisé que le bilinguisme s’estompe rapidement à l’extérieur de la ville, le «Biennois de l’année 2022», réalisateur du film Peter K., propose un compromis très suisse: «Une finale 75% romande, d’accord, je peux vivre avec ça.» A défaut de clore le débat, voilà au moins un élément de réponse. Le champion de Suisse 2023 sera romand, un peu ou complètement.


Yannick Rathgeb se mouille: «Nous sommes favoris»

Première finale depuis 2019 à opposer le premier de la saison régulière contre son dauphin, Genève-Bienne met aux prises deux formations très proches.

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