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Les défis sportifs

Pour elle et seulement pour elle

Valentina Tanzi voulait faire les trois grands tours cyclistes, un jour avant le peloton masculin

De passage à Lucens samedi dernier, Valentina Tanzi n’a pas eu le temps de visiter le château avant de partir en direction du Valais.

22 juillet 2020 à 19:18

Ultracycling » Sportifs de l’extrême et défis insolites: cet été, La Liberté vous propose de sortir des sentiers battus.

A même le parking d’un hôtel de Lucens, à l’arrière du break familial, Valentina Tanzi nettoie son vélo et prépare la journée du lendemain. Elle vient de boucler la quatrième étape du Tour de Suisse entre St. Urban et la cité broyarde et doit déjà penser au jour suivant en direction du Valais. La Tessinoise rêvait de parcourir les 10’295 km des trois grands tours cyclistes (Giro, Tour de France et Vuelta) une journée avant le passage du peloton masculin. Mais le coronavirus est passé par là, repoussant ses plans d’une année.

Lassée des routes autour de Lugano, la cycliste de 39 ans a décidé d’adapter son idée aux 1065 km du Tour de Suisse tel qu’il aurait dû se faire ce printemps. Alors qu’elle avait pris l’habitude d’enchaîner les courses d’endurance allant du Gran Fondo à l’ultracycling (épreuves de plusieurs centaines, voire milliers de kilomètres), elle s’est lancée dans les projets solitaires depuis cette année.

Insultes et mobbing

Le résultat de plusieurs galères, et notamment une mésaventure qui aurait pu lui coûter la vie. C’était l’année dernière lors de la Race across the West, une épreuve de près de 1500 km reliant le sud de la Californie au Colorado. «J’avais choisi une équipe au top, avec un ancien entraîneur national qui avait l’habitude de ce genre de course, se souvient-elle. Le problème est que je suis tombée presque morte, sous une chaleur de 45 degrés.» La raison? Ses suiveurs avaient oublié les électrolytes dans le ravitaillement de l’athlète. «Je suis passionnée par la nutrition, normalement je fais extrêmement attention, mais vu le standing de la formation j’ai simplement fait confiance.» Une fois à l’hôpital, son entraîneur lui a mis la pression pour qu’elle remonte sur le vélo et termine la course. Une épreuve qu’elle finira tout de même troisième (sur cinq) en trois jours et 17 heures. «Je ne suis pas passée loin de l’infarctus. J’avais des hallucinations, je ne savais pas ce qui était réel ou non. Et le pire là-dedans, c’étaient les insultes et le mobbing… par des gens que je payais!» Elle marque un temps d’arrêt. «Normalement, je ne serais pas repartie. Mais sur le moment j’ai suivi. Il me disait de le faire pour ma carrière. Mais quelle carrière? Si je meurs, il n’y a plus de carrière!»

10’295km

La distance totale des trois grands tours cyclistes

Des courses coûteuses, sans réelle organisation, des personnes qui cherchent à profiter des athlètes, Valentina Tanzi a dit stop et c’est désormais sa maman qui la suit dans ses aventures. «Ce n’est pas simplement le fait de me retrouver en famille, assure-t-elle. C’est surtout que je ne fais plus confiance à personne.»

Le triptyque pour 2021

Des courses de masse, elle décide donc de se lancer son propre défi, celui de prouver que les femmes aussi peuvent le faire. «Dans mon travail de directrice de publication, je le vis au quotidien. J’ai un master, mais on me fait comprendre que je ne suis pas sur un pied d’égalité. Dans le cyclisme, c’est pire.» Elle est également lassée de la triche inhérente au cyclisme populaire. Après être arrivée «au top» comme elle le dit, Valentina Tanzi a concocté un projet sur mesure. «Finalement, ce qui m’attire n’est pas de me dire que je suis meilleure que l’autre, mais de me faire plaisir. J’ai pensé aux grands tours et ai commencé l’organisation.» Son triptyque devrait être renvoyé à 2021, à moins qu’elle ne décide de faire le Tour de France ou la Vuelta sur un coup de tête et suivant les normes sanitaires en vigueur d’ici là. En attendant, la Tessinoise a terminé son Tour de Suisse ce mercredi, à Andermatt, avant de penser aux prochaines échéances. «Quelles qu’elles soient, ce sera toujours moi contre moi-même et pour mon plaisir. Dorénavant, même quand je fais le tour de Lugano, c’est dans cet unique but.»

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