Logo

Cyclisme

Le climat comme enjeu majeur

De passage à Fribourg, le président de l’UCI, David Lappartient, évoque les chantiers actuels du cyclisme

David Lappartient a participé à l’inauguration de l’exposition temporaire du Musée du vélo consacrée au Tour de Romandie.

28 avril 2022 à 04:01

Cyclisme » David Lappartient est un homme pressé. Le président de l’Union cycliste internationale (UCI) jongle entre son mandat, qu’il a renouvelé en septembre 2021, et son poste de président du conseil départemental du Morbihan, d’où il est originaire. Hier, il était de passage à Fribourg. Le Breton de 48 ans a d’abord visité les locaux de la marque Scott, à Givisiez, puis s’est rendu en coup de vent au musée du vélo de Fribourg pour l’inauguration de l’exposition temporaire dévolue à la 75e édition du Tour de Romandie (lire ci-dessous). Entre deux poignées de main et un discours face aux invités, il s’est assis pour discuter des enjeux actuels du cyclisme mondial.

Lors de votre arrivée à la tête de l’UCI en 2017, vous aviez établi un «agenda 2022» traitant de l’attractivité, de la crédibilité ou de l’héritage du cyclisme. Nous sommes en 2022, où en êtes-vous?

David Lappartient: Nous avons fait le bilan dernièrement et sommes assez fiers de voir que 90% du programme est mis en place ou en voie de l’être. Il y a aussi des actions qui n’ont pas pu être menées, d’autres qui n’étaient, au final, pas opportunes et qui ont été abandonnées. En règle générale, nous avons bien suivi cet agenda. Nous en préparons d’ailleurs un nouveau qui portera vers 2030.

Sera-t-il dans la continuité de l’«agenda 2020» ou de nouveaux enjeux sont apparus?

En ce qui concerne la gouvernance, il est dans la continuité. Mais les facettes concernant le cyclisme féminin ou l’écologie vont être renforcées. Nous visons un plus long terme que les cinq ans du dernier, car cet agenda sera plus dense et des actions devront s’inscrire dans le temps.

On dit souvent que le vélo est un mode de transport écologique, mais le cyclisme ne l’est pas du tout. Que pouvez-vous améliorer?

Nous avons essayé de faire quelque chose pour les bidons l’année passée, que nous avons modifiés, mais ceux-ci restent systématiquement ramassés dans des zones spécifiques. C’est le genre de choses qui se voient au niveau du public. Mais il y a ce qui ne se voit pas forcément. Par exemple, en juin 2021, nous avons annoncé vouloir réduire de 50% les émissions carbones au plus vite et viser le bilan neutre pour 2030. Non seulement nous, l’UCI, mais toutes les parties prenantes. Pour un enjeu de cette nature, tout le monde doit avoir l’obligation de se mobiliser.

Aujourd’hui, hormis les mesures en faveur du climat, quel est le principal défi auquel l’UCI est confrontée?

La sécurité. Il y a une multiplication des aménagements urbains, sûrement utiles pour réduire la vitesse des automobilistes, qui ne sont pas adaptés aux courses cyclistes. Quand on reconnaît un parcours et que trois mois après, au moment de l’épreuve, des îlots et des ronds-points sont apparus, cela devient extrêmement dangereux. On veut faire entrer un peloton qui roule à 70 km/h dans des zones urbaines où l’on fait tout pour limiter les automobilistes à 30 km/h. Ce n’est pas possible.

Vous n’avez cependant que peu de leviers. Ce sont les municipalités qui sont en charge du mobilier urbain.

Je le sais, en tant que président de département, je demande souvent si les îlots mis en place sont vraiment nécessaires. Souvent c’est seulement construit pour contenter un voisin qui se plaint (rires). A l’UCI, nous avons peu de leviers. Nous pouvons par contre lancer un appel général, car certaines courses pourraient être menacées à cause de cela.

«Nous avons annoncé vouloir réduire de 50% les émissions carbone au plus vite et viser le bilan neutre pour 2030»
David Lappartient

Et le dopage? Est-ce encore un thème, même s’il n’y a plus eu de gros coups de filet ces dernières années?

Evidemment, il ne faut pas relâcher les efforts. Nous avons d’ailleurs, demain (aujourd’hui, ndlr), un comité sur le financement de la lutte antidopage avec tous les acteurs. Nous voulons accroître les moyens, notamment sur l’investigation. Ce sport a été marqué par le dopage et est devenu le sport de l’antidopage. Nous mettons plus de moyens que n’importe quelle autre discipline, 10 millions de francs, c’est considérable.

Il semble cependant que les tricheurs ont systématiquement un coup d’avance…

Ce qu’il faut, c’est être en capacité de déceler les réseaux. Les investigations sont à mener par les gens dont c’est le métier. C’est pourquoi nous sommes en liens avec les polices des pays, voilà l’axe de nos efforts actuels. Je suis aussi administrateur de l’Agence mondiale antidopage (AMA, ndlr) et je vois les crédits consacrés à la recherche (1,6 million d’euros), c’est de la rigolade, et ce n’est pas de la faute de l’UCI. Nous pouvons collecter tous les échantillons que l’on veut et attraper les réseaux, mais à un moment, c’est aussi sur l’analyse qu’il faut se pencher.

Les rumeurs continuent de coller aux basques du cyclisme. Que faire pour retirer ce caillou dans la chaussure?

Après tout ce qu’il s’est passé, il y aura toujours des soupçons. Sur le Tour de France, cela nous est arrivé de contrôler trois fois Tadej Pogacar en un jour: au réveil, dans le bus et après l’étape. De ce côté-là, dans les limites fixées par nos possibilités, nous pouvons difficilement en faire plus.


Le Musée du vélo à l’heure du Tour de Romandie

Jusqu’au 9 juillet, le Musée du vélo, situé au sein de la caserne de la Poya, retrace l’histoire du Tour de Romandie. Maillots, vélos, prospectus originaux, photographies, tout y passe. «Nous avons commencé à y penser au mois de novembre et avons imaginé plusieurs variantes, explique Jean-Pierre Biolley, cofondateur du Musée du vélo. Nous avons dû faire de la place pour accueillir cette exposition temporaire. L’armée nous a donné un coup de main et mis à disposition un local pour caser notre matériel durant ce temps.»

Lui et Auguste Girard avaient déjà passablement de souvenirs entreposés dans les murs du lieu, mais pour retracer les 74 éditions du Tour de Romandie, il a fallu aller chercher plus loin. «Des souvenirs de toute la Romandie. Il y a des prêts, mais aussi des donations, souligne Jean-Marc Rohrbasser, président de l’Union cycliste fribourgeoise. Notre ville a eu 28 arrivées de la Boucle romande, c’était logique de marquer le coup.»

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus

Dans la même rubrique