Europe » Les acquis féministes et LGBTIQ+ font l’objet d’un regain d’opposition de la part des milieux conservateurs. Comment ceux-ci s’organisent-ils et de quels financements bénéficient-ils? «Depuis dix, douze ans, on constate une augmentation de la contestation envers les droits sexuels et reproductifs existants», observe Neil Datta, directeur du European Parliamentary Forum for sexual and reproductive rights (EPF), un réseau de parlementaires actifs dans la défense de ces droits.
Autrefois concentrés sur la militance pro vie, ces milieux ont élargi leur champ d’action: «Tout ce qui a un lien avec le mot «genre» est visé, résume Neil Datta. Cela va des restrictions au droit à l’avortement, comme on l’a vu en Espagne ou en Suède, à la contestation des lois contre les violences faites aux femmes en passant par la volonté de limiter les droits des personnes LGBTIQ+ ou de remettre en question la lutte contre le VIH/sida.» Il s’exprimait le 19 avril à Berne à l’occasion de la conférence de Medicus Mundi Suisse, un réseau regroupant cinquante organisations suisses actives dans la coopération internationale en matière de santé.
Lobbying politique
Quasi tous les pays européens connaissent une résurgence relookée des organisations des années 1970 et 1980. L’activisme conservateur a néanmoins changé de méthodes depuis ces années-là. Aux actions de choc devant des maternités a succédé un travail de fond qui vise l’accès aux grandes institutions, «ce qui demande d’autres capacités». Les organisations ont donc fondé leurs propres académies, formant de jeunes cadres à peser au niveau politique, à Bruxelles ou ailleurs.