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La chorégraphe Maud Blandel au cœur des étoiles à La Bâtie

Au festival de La Bâtie, la chorégraphe Maud Blandel compare, dans L’Œil nu, la disparition de son père à celle d’un astre. Hauteur de vue


25 août 2023 à 12:10

Temps de lecture : 1 min

Portrait » Sa tâche est imposante. Maud Blandel, 36 ans, chorégraphe de son état, convoque dans sa dernière pièce le firmament sur terre. Rien que ça! Sur terre, c’est-à-dire sur un plateau de théâtre où cinq danseuses et un danseur forment une constellation d'étoiles, visibles à L’Oeil nu, qui s'attirent et se rejettent tour à tour. Rétraction et relaxation tout au long d’une chorégraphie qui par son rythme respire comme un coeur.

Le cœur occupe une place vitale dans L’Œil nu, que Maud Blandel créait à Lausanne en avril dernier. La pièce est reprise à La Bâtie (Genève), à partir du 1er septembre, après un passage au Festival d’Avignon cet été où le spectacle (dont nous avons vu une captation) a recueilli un très franc succès public et critique. Qu’y voit-on? Une réalité douloureuse cachée derrière un cri répétitif, que diffuse un ancien magnétophone: Shoot! Fire! Les coups de feu pleuvent, mais c’est pour de rire, comme on dit aux enfants. Car la bande-son n’est autre que l’écho d’un célèbre dessin animé américain sur lequel viennent se greffer deux phrases inscrites sur un écran placé en fond de scène: «Je n’ai rien vu, j’ai entendu.» On rit moins quand on comprend que ce sont là les mots de Maud Blandel elle-même. Elle a à peine trois ans quand son père se tire une balle dans le cœur. Installée devant la télévision dans la chambre à côté, la petite fille entend partir le coup. Regardait-elle alors un cartoon? Peut-être.

Halte!

La mémoire a ses trous. Des trous noirs, amplifiés par un silence, qui dure et dure. Jusqu’au jour où la famille de Maud lui fait et refait le récit du drame, aujourd’hui «mis à distance dans ma pièce», confie l’artiste. L’Œil nu est sa version à elle de la disparition de son père, qu’elle compare à celle d’un astre. «On dit qu’une étoile commence à mourir lorsque, ayant épuisé ses réserves d’hydrogène, elle quitte son état d’équilibre. Débute une longue phase de dégénérescence qui mènera, selon la taille de l’astre, à l’effondrement de son cœur», écrit-elle.

En anglais, étoile se dit «star». Le monde du spectacle utilise le même mot pour designer une personne qui sort du lot. Maud Blandel voit son père comme une exception. «Un transfuge de classe, dit-elle. Issu d’un milieu ouvrier, il est le seul de sa famille à s’être élevé au-dessus de sa condition en faisant des études de psychiatrie.» S’est-il reproché toute sa vie cette ambition? Elle ne le sait pas, mais elle a pensé à lui quand elle a lu Retour à Reims, un essai du Français Didier Eribon sur le déterminisme social.

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