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Société

Discrimination des personnes âgées. «Appelons une vieille, une vieille»

Fiona Schmidt dénonce les discriminations dont font l’objet les personnes âgées, surtout les femmes

ARCHIV - ZUR SWISSCANTO-STUDIE UEBER DIE SITUATION DER PENSIONSKASSEN, AM DIENSTAG, 29. MAI 2018, STELLEN WIR IHNEN FOLGENDES BILDMATERIAL ZUR VERFUEGUNG ---- [Symbolic Image, Staged Picture] An elderly couple does yoga together in an apartment in Lucerne, Switzerland, on November 23, 2016. (KEYSTONE/Christof Schuerpf) [Symbolbild, Gestellte Aufnahme] Ein aelteres Paar macht zusammen Yoga, aufgenommen am 23. November 2016 in einer Wohnung in Luzern. (KEYSTONE/Christof Schuerpf)CHRISTOF SCHUERPF/KEYSTONE

17 août 2023 à 18:45

Temps de lecture : 1 min

Société » Depuis quelques années, l’auteure française Fiona Schmidt dégomme injonctions et doubles standards dans ses livres à teneur féministe – le tout dans un franc-parler sarcastique, surmonté de pop culture. Son dernier ouvrage, Vieille peau – les femmes, leur corps, leur âge épingle une discrimination pernicieuse parce que encore trop invisible: l’âgisme. Interview de la journaliste quadragénaire qui est devenue (un peu) plus sereine à l’idée de vieillir.

Vous parlez franchement des «vieux» et «vieilles». Pourquoi ne pas utiliser des termes politiquement corrects?

Fiona Schmidt: On n’est pas censé dire «les vieux», parce que ce n’est pas poli. On parle donc des «personnes âgées» ou des «anciens», comme on parle encore trop souvent des «Blacks», ou comme on qualifie les gros de «ronds». Mais ce qui n’est pas poli, c’est de considérer que le fait d’être «vieux», «noir» ou «gros» est gênant, et nécessite donc un euphémisme. Ces précautions oratoires traduisent l’âgisme, le racisme et la grossophobie intériorisés de nos sociétés occidentales. Je milite donc pour qu’on appelle une vieille, une vieille, au même titre qu’un jeune, un jeune!

Le terme «senior» est une invention récente du marketing: il s’agissait de s’adresser à une nouvelle cible de plus en plus importante au sortir de la Seconde Guerre mondiale, qu’il fallait pourtant distinguer des «adultes», c’est-à-dire des «actifs». Encore un terme stigmatisant, en plus d’être opportuniste, puisqu’il n’y a pas de seuil à l’âge adulte: on est adulte que l’on ait 18, 47 ou 96 ans. Le terme «4e âge» a quant à lui été inventé au début des années 1980, moins pour qualifier les personnes de plus en plus vieilles au fur et à mesure que l’espérance de vie s’allonge, que pour distinguer là encore les «bons» vieux – le 3e âge, consommateur et indépendant – des «mauvais», dépendants et socialement «inutiles».

Vous dites que l’âgisme est la discrimination la plus insidieuse, pourquoi?

Fiona Schmidt: Parce que c’est une discrimination invisible comme la grossophobie, alors que le sexisme ou le racisme, tout le monde voit en quoi ça consiste. Quand je parle d’âgisme, la plupart des gens ne voient pas de quoi je parle, ou me disent que ça n’existe pas, comme si les préjugés vis-à-vis des personnes âgées n’existaient pas. Ces préjugés sont considérés comme la conséquence naturelle du fait d’être vieux et pas comme une discrimination.

Même les vieux n’ont pas envie d’être associés aux autres vieux…

Et c’est logique, dans une société qui n’aime pas les vieux: c’est un réflexe de survie sociale! Je me suis rendu compte que ce n’est pas la vieillesse qui pose problème aux vieux, mais le regard social que l’on porte sur elle. Ma mère, qui n’est pas très vieille mais qui n’est plus très jeune puisqu’elle a 69 ans, ne s’inclut pas dans «les vieux». Elle appartient à une génération – la génération 68 – qui a institutionnalisé le jeunisme, et qui ne pensait pas qu’elle vieillirait un jour! L’avancée en âge la terrifie, comme si elle ne s’identifiait qu’à son «moi» jeune. C’est le cas de la plupart d’entre nous.

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