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Un appel à la prière musulmane expurgé d’une œuvre après une polémique

Trois représentations de L’homme armé: une messe pour la Paix, œuvre du compositeur gallois Karl Jenkins, se dérouleront les 2, 3 et 4 février dans les églises de Siviriez et de Saint-Pierre-aux-Liens, à Bulle. La mélopée islamique prévue dans son deuxième mouvement n’a pas résisté à une controverse ayant démarré en France.

L’homme armé: une messe pour la Paix, œuvre du compositeur gallois Karl Jenkins, avait déjà été jouée en 2012 à l’église de Siviriez et au Théâtre Equilibre, à Fribourg. © Alain Wicht-archives

19 janvier 2024 à 19:40

Temps de lecture : 1 min

L’appel à la prière musulmane ne résonnera pas dans les églises de Siviriez et de Saint-Pierre-aux-Liens à Bulle. Constituant le deuxième mouvement de L’homme armé: une messe pour la Paix, œuvre du compositeur gallois Karl Jenkins qui sera interprétée les 2, 3 et 4 février par le Corps de musique de la ville de Bulle et huit chœurs de la région, la mélopée religieuse a fait les frais d’une polémique démarrée en France sur fond de hausse des tensions intercommunautaires. Le passage controversé fera place à deux minutes de silence, précédées de quelques explications à destination du public, confirme, un peu dépité, le directeur du Corps de musique bullois, Laurent Zufferey.

Ce compromis, qui permettra à l’œuvre commémorant les victimes de la guerre du Kosovo d’être jouée sans risque de perturbations, a été décidé d’un commun accord par les représentants de l’évêché de Lausanne, Genève et Fribourg, des paroisses et des musiciens, selon nos informations. Des personnes opposées à l’idée qu’un appel à la prière islamique résonne entre les murs d’une église consacrée auraient notamment menacé de venir manifester leur désaccord si le deuxième mouvement de la partition de Karl Jenkins était joué comme prévu initialement.

«Réinformation catholique»

Cette récente polémique autour de la Messe pour la Paix a, semble-t-il, démarré le 11 novembre dernier après une représentation à l’église de la Sainte-Trinité, à Paris. Le site internet français Riposte catholique, proche des milieux traditionalistes, s’est fait l’écho de l’indignation qui s’était alors emparée d’une partie du public avant de filtrer sur les réseaux sociaux. Le texte publié sur ce site, qui affirme pratiquer «la réinformation catholique au quotidien», mentionne aussi les concerts prévus à Siviriez et Bulle.

«Nous avons reçu plusieurs messages de personnes qui s’offusquaient qu’un appel à la prière musulmane puisse être récité dans une église où on célèbre la messe», expose l’agente pastorale Céline Ruffieux, représentante de l’évêque pour la partie francophone de la région diocésaine de Fribourg. Certains de ces messages étaient agressifs, ajoute-t-elle. Des échos venus de membres de la communauté musulmane laissent à penser que cette interprétation d’un texte religieux islamique dans un lieu chrétien pouvait leur poser problème à eux aussi, ajoute l’agente pastorale.

Déjà jouée en 2012

La décision de ne pas interpréter le deuxième mouvement de l’œuvre de Karl Jenkins permettra, selon Céline Ruffieux, d’éviter que la polémique en cours ne vienne «manger» le fond du propos, qui est d’abord une invitation à la paix universelle. L’idée de jouer dans des bâtiments religieux chrétiens n’avait pas suscité d’objection dans un premier temps, ajoute-t-elle. «Ce qui se déroule dans une église doit être en phase avec le caractère sacré du lieu, c’était le cas en l’espèce.» L’œuvre avait d’ailleurs déjà été interprétée en 2012 à l’église de Siviriez, par la Concordia et sept chœurs du canton, sans que cela ne fasse polémique. «Nous sommes dans une période plus clivante, il faut en prendre acte», déplore Céline Ruffieux.

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