Santé buccale. L’orthodontie n’est pas l’apanage des spécialistes

Vous souhaitez faire rectifier l’alignement de vos dents? La recherche sur internet vous propose de nombreux cabinets pratiquant l’orthodontie dans le canton. Difficile de savoir lequel choisir. Et pourtant. «Le canton de Fribourg ne compte pas plus de trois cabinets employant des spécialistes en orthodontie au bénéfice de la formation suisse, à l’heure actuelle. Ils sont d’ailleurs répertoriés sur le site de la Société suisse d’orthopédie dento-faciale (Swissortho.ch). D’autres praticiens, avec une formation» non suisse «et souvent itinérants, n’y figurent pas», indique Pawel Pazera, orthodontiste et vice-président de Swissortho.ch. La formation de base des médecins dentistes généralistes comprend trois années de bachelor et deux années de master, précise-t-il.

Le parcours semble déjà assez étoffé, mais ne suffit pas. «Pour obtenir le titre de spécialiste en orthodontie, il faut ajouter quatre années de spécialisation à cette formation initiale. Cette dernière s’effectue auprès des Universités de Bâle, Berne, Genève et Zurich. Et la Suisse ne compte environ que dix à douze diplômés par année», selon Pawel Pazera. Il précise que «pendant les études de médecine dentaire, l’orthodontie ne représente qu’une petite partie du cursus. Le médecin dentiste doit savoir diagnostiquer les malpositions dentaires, mais n’est pas formé pour les traiter selon les règles de l’art.»

Offre suffisante?

Avec si peu de diplômés, les besoins en orthodontistes sont-ils couverts au niveau cantonal? Claudia Lauper, responsable de la communication à la Direction de la santé et des affaires sociales, n’est pas à même de répondre à cette question puisque aucune planification de l’ambulatoire n’est faite. «Le site Medreg.ch propose une liste de tous les médecins dentistes spécialistes en orthodontie, bien que le site ne soit pas forcément à jour puisque certains praticiens sont partis à la retraite ou ont quitté le canton», explique-t-elle. Et d’ajouter: «Avec ou sans titre postgrade en orthodontie, les médecins dentistes peuvent effectuer des prestations d’orthodontie pour autant qu’ils soient au bénéfice d’une autorisation de pratiquer, qu’ils exercent leur activité avec soin et conscience professionnelle, et qu’ils respectent les limites des compétences acquises dans le cadre de leur formation, de leur expérience professionnelle et de leur formation continue.»

La pratique de l’orthodontie, même si elle n’est pas exécutée par un orthodontiste spécialiste, peut être correctement effectuée. Mais elle peut aussi impliquer des difficultés. «Par exemple, seul un spécialiste peut confirmer que le patient exige des soins particuliers qui pourraient être pris en charge par l’assurance-invalidité. Dès lors, on peut se demander si c’est idéal que les patients nécessitant ces soins particuliers soient pris en charge par des dentistes généralistes», glisse Pawel Pazera.