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Le Service de l’enseignement abuse de son autorité, selon des députés

Des députés de tous bords demandent l’audit du Service de l’enseignement obligatoire de langue française, qu’ils soupçonnent d’abus d’autorité et de mobbing

Les enseignants auraient peur de critiquer les opinions du Service de l’enseignement obligatoire de langue française, dénoncent des députés dans un mandat. © Charly Rappo

12 décembre 2023 à 09:50

Temps de lecture : 1 min

Le litige qui oppose le Service de l’enseignement obligatoire de langue française (SEnOF) et le directeur du Cycle d’orientation de La Tour-de-Trême, Frédéric Ducrest, entre dans la caisse de résonance du Grand Conseil. Douze députés de tous bords (PVL, UDC, Le Centre, PLR et PS – Verts exceptés) demandent en effet que le SEnOF soit soumis à un audit externe. Par cette démarche, les élus espèrent «restaurer une dynamique de travail saine et respectueuse au sein du service».

Le tableau qu’ils en dressent est plutôt sombre. Ils parlent d’«un climat de rupture de confiance» et d’un «conflit latent» entre le SEnOF, d’une part, et les voix du terrain d’autre part – à savoir les directions d’écoles et les enseignants des trois cycles, de la 1H à la 11H. Des voix auxquelles le SEnOF «semble imposer de manière unilatérale sa vision de l’éducation». Pire: des cas potentiels ou des suspicions «d’abus d’autorité» et de «mobbing» alimentent cette crise de confiance et ce «climat toxique». «La peur de représailles a réduit au silence ceux qui osent questionner ou critiquer», relèvent les signataires.

Pas un cas unique

«L’affaire Ducrest n’est qu’un exemple parmi d’autres», commente Brice Repond, initiateur de ce mandat. «J’ai eu l’occasion de discuter avec bon nombre de personnes qui travaillent sur le terrain à des fonctions diverses. Ce sont des personnes de tous bords politiques, ou apolitiques. J’ai l’impression que cette situation est généralisée.» Elle aurait même gagné les rangs du parlement: «J’ai approché quelques enseignants membres du Grand Conseil pour leur proposer de soutenir ce mandat: ils ont adhéré sur le principe, mais n’ont pas osé signer. Cela témoigne aussi d’un malaise.»

D’autres signataires assurent s’être informés auprès de sources extérieures à La Tour-de-Trême. «Avec ce que j’ai pu entendre, comme député et comme élu, j’ai l’impression qu’il y a des dysfonctionnements dans ce service», appuie Savio Michellod (PLR, Granges), en évoquant au passage la démission du directeur du CO de la Veveyse, Pierre Deschenaux, annoncée en mars dernier. Le centriste Christian Clément (Arconciel) assure lui aussi qu’il n’aurait pas signé ce mandat si la problématique s’était limitée au CO de La Tour-de-Trême. Gabriel Kolly (UDC, Corbières) ou Grégoire Kubski (PS, Fribourg) disent quant à eux avoir écouté d’autres témoignages, et pas seulement au cycle d’orientation.

Pressions et biais

De quelles représailles les députés parlent-ils? Les enseignants critiques seraient «écartés», dans l’impossibilité d’évoluer dans la hiérarchie ou de changer d’établissement, dit-on. «Et du moment qu’on n’ose plus s’exprimer ou qu’on se met en arrêt maladie, on subit une forme de mobbing, à mes yeux», estime Brice Repond, avant de souligner: «Si nous n’avions pas de fortes suspicions, nous ne demanderions pas un audit. Mais il reviendra aux experts externes de les vérifier.»

Le mandat demande également aux auditeurs de se pencher sur «la composition de la direction du SEnOF», dont les membres entretiendraient «des liens personnels étroits». Les experts devront ainsi déterminer s’il existe des «conflits d’intérêts potentiels». «On a le droit d’être amis, mais cela ne doit pas conduire à des traitements biaisés», note le Brocois sans décrire ces liens, ni citer de noms.

Impact à mesurer

Le mandat distingue en outre structure et vision éducative. Il s’exprime peu sur cette vision, si ce n’est pour relayer les craintes des directeurs face à la «primarisation» du cycle d’orientation. Les experts devront cependant examiner les «politiques éducatives du SEnOF» sous deux angles: leur impact sur la «performance des élèves» et leur «adéquation» avec les attentes des patrons et du secondaire 2 (gymnase, école de commerce ou de culture générale).

«En fait, il ne m’appartient pas de dire quelle est la bonne vision éducative. Mais la structure, elle, doit laisser les éléments du terrain s’exprimer, les écouter et prendre ce qu’ils disent en considération», résume Brice Repond. Les députés espèrent ainsi «rétablir la confiance» entre le SEnOF et «les employés du terrain», pour que le système éducatif «soit géré avec intégrité, transparence et dans le respect de la diversité des opinions pédagogiques».

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