Logo

Canton

De nouveaux concepts pour améliorer la vie des seniors fribourgeois

Si la première étape de la politique Senior+ s’est achevée, l’effort se poursuit, comme à Corminbœuf

Reportage lors d'une des actions liée à la mise en oeuvre de la politique Senior. A Corminboeuf, il s'agit d’assister à la réunion d'un groupe de Seniors qui réfléchit aux mesures à mettre en place dans la commune Photo Lib / Charly Rappo, Corminboeuf, 31.05.2023Charly Rappo/Charly Rappo / La Liberté

Aurélie Yuste

Aurélie Yuste

19 juin 2023 à 18:13

Temps de lecture : 1 min

Feuille de route » Les stylos sont prêts à entrer en action, les oreilles sont grandes ouvertes. La réunion mensuelle du Groupe senior Corminbœuf va commencer, à la buvette de l’école du village. L’objectif est de développer des mesures en faveur des personnes âgées dans la commune. Une telle action n’est pas isolée. Chaque commune du canton doit en effet mettre en place un concept afin d’atteindre les objectifs de la politique Senior+, une feuille de route lancée dès 2016 pour améliorer la prise en charge des plus de 65 ans. La première étape de cet ambitieux programme vient d’ailleurs de s’achever.

A Corminbœuf, une myriade d’actions vont être lancées: visites à domicile, café contact, repas au restaurant à prix sympa, groupe de marche.

Mesures assez répandues

Aux manettes, un groupe de retraités (ainsi que deux bénévoles pas encore seniors), créé après un atelier participatif organisé par la commune de Corminboeuf. La séance avance bien et vite. Tout le monde se met facilement d’accord, tout en gardant un esprit critique. Le fait de devoir signer un formulaire pour demander une visite à domicile pose par exemple problème: «Cela peut inciter à la méfiance, car nous sommes des personnes âgées et on nous met en garde contre les tromperies, les vols», estime Jean-Marc Kuhn.
Certains aînés s’inquiètent pour l’accès au WC de La Détente, le restaurant où des repas mensuels seront proposés, avec une première date le 21 juin. Le lieu se trouve en effet au sous-sol. «Il y a un ascenseur», rassure Angélique Gander, responsable du travail social communautaire à Pro Senectute, mandatée pour coordonner les opérations. Quant au groupe de marche, le fait qu’il se veuille intergénérationnel est salué.

Quelque chose interpelle, cependant. Les mesures mises en place ou envisagées dans les autres communes fribourgeoises, dans le cadre de Senior+, sont souvent similaires. Coïncidences? Pas vraiment, selon Angélique Gander: «Ces actions ne nécessitent pas de matériel ou d’important investissement personnel. Les retraités d’aujourd’hui ont besoin de liberté et préfèrent donc s’engager sans avoir trop de contraintes.»

Deux districts bons élèves

A noter qu’à l’origine, les concepts Senior+ communaux devaient être déployés jusqu’au 30 juin 2021, mais la pandémie a bousculé cette date butoir. «Environ la moitié des communes ont terminé l’élaboration de leur concept et sept n’ont pas encore commencé, mais un suivi sera effectué car cette mise en place est une obligation légale», indique Judith Camenzind Barbieri, déléguée aux personnes âgées du canton, qui précise que certains districts comme la Singine et la Gruyère se sont bien coordonnés pour ces travaux.

De manière générale, la déléguée trouve cependant dommage que l’accent soit beaucoup mis sur l’aspect médical, alors que les seniors «ne sont de loin pas qu’une charge et que leur contribution à la société est énorme, par exemple au niveau associatif.»
De son côté, l’Etat de Fribourg a fait sa part dans la première étape de Senior+, selon la déléguée: «Le bilan est assez positif, nous avons réussi à instaurer la majorité des mesures planifiées, même s’il y a eu un petit délai pendant la période Covid.» Une étape importante a été la mise en place des réseaux médico-sociaux dans les districts, répondant aux besoins locaux dans le domaine des soins (en ce qui concerne les EMS et l’aide et les soins à domicile).

«Environ la moitié des communes ont terminé l’élaboration de leur concept et sept n’ont pas encore commencé, mais un suivi sera effectué car cette mise en place est une obligation légale»
Judith Camenzind Barbieri

«Ce qui a aussi bien fonctionné a été la collaboration avec le service du logement, pour la co-organisation d’un Forum du logement. Cet événement a mis en lien les personnes actives dans le domaine du social, les communes et les acteurs de l’immobilier», ajoute la déléguée. Elle évoque aussi une brochure sur le thème du maintient à domicile, qui a eu du succès et a été rééditée quatre fois: «Ce sujet intéresse également les proches. Une deuxième brochure sortira cette année et traitera de la vie dans le canton de Fribourg après 65 ans.» De nombreux projets intergénérationnels ont également pu être soutenus, grâce à une enveloppe annuelle de 80’000 francs lancée dès 2018.

A contrario, l’utilisation du service Qualidomum a moins bien fonctionné. L’idée était de former des ergothérapeutes pour qu’ils fournissent des conseils aux personnes souhaitant rendre leur logement plus sûr et pratique. «Mais ils n’ont pas été tellement sollicités, peut-être parce que les personnes âgées ne sont pas encore suffisamment conscientes des risques que pose un habitat non adapté. Le service continue cependant à proposer des conseils en ligne et des évaluations de logements», précise Judith Camenzind Barbier.

Les propositions pour le prochain plan de mesures pour Senior+ seront transmises au Conseil d’Etat. «Un premier sondage auprès de nos partenaires a déjà été fait afin de savoir ce qu’ils souhaitaient. Nous allons notamment continuer à développer des projets dans le domaine du maintien à domicile et du logement, deux des thèmes qui préoccupent le plus les seniors, selon des sondages.» La déléguée précise que Fribourg est cité comme pionner dans la politique pour les personnes âgées: «Il faut maintenir cette avance sur les autres cantons et se donner les moyens de continuer à innover.»


Formation sur la politique communale de la vieillesse

Une formation concernant les politiques communales sur la vieillesse aura lieu le 15 juillet à Mozaïk, le bâtiment abritant entre autres la Hautes école de travail social de Fribourg (HETS). Elle est organisée par cette institution, en collaboration avec le Gérontopôle Fribourg/Freiburg et Pro Senectute. Ouverte à tous, elle a été imaginée sur la base du concept Senior+, selon Christian Maggiori, professeur à la HETS et responsable de la formation avec Jean-François Bickel. «Beaucoup de personnes, tels que les élus ou les membres de commissions, n’ont pas de formation spécifique à la gérontologie (science du vieillissement ndlr.). Il s’agit de leur offrir des outils pour les aider dans leurs réflexions.» La journée comprendra deux volets: une partie plus théorique concernera les réalités de la vieillesse en décrivant les personnes âgées d’aujourd’hui, tandis qu’une partie pratique se concentrera sur les thèmes du logement et de la communication – il s’agira par exemple d’expliquer comment bien transmettre une information aux seniors. Sept intervenants avec différents profils seront présents et une attestation de formation continue sera délivrée. Le prix est de 290 francs, repas et pauses-café compris. «Les participants pourront poser leurs questions en allemand», précise Christian Maggiori. Si le succès est au rendez-vous, une autre formation pourrait être organisée l’année prochaine. LMP


Trois questions à

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus

Dans la même rubrique