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Canton

De l’argent frais pour les TPF

L’Etat de Fribourg veut augmenter sa participation au capital-actions de l’entreprise. Votation en vue

Pour la période 2023-2030, les investissements des TPF Trafic sont estimés à 580 millions de francs, notamment pour le remplacement de la flotte de véhicules par des modèles plus écologiques.

 Thibaud Guisan

Thibaud Guisan

13 juillet 2023 à 04:01

Transports publics » Donner un coup d’accélérateur aux investissements des Transports publics fribourgeois (TPF) ces prochaines années. C’est l’objectif du Conseil d’Etat, qui entend augmenter de 60 millions de francs la participation du canton au capital-actions de la compagnie. Pour la période 2023-2030, les investissements de TPF Trafic, la société fille, chargée de l’exploitation de l’offre de transports commandée par les pouvoir publics, sont estimés à plus de 580 millions de francs, notamment pour le remplacement de la flotte de véhicules par des modèles plus écologiques.

Un message est adressé au Grand Conseil, qui devrait se prononcer sur cet objet cet automne. La dépense proposée par le Conseil d’Etat dépasse le seuil du référendum financier obligatoire (plus de 1% du total des dépenses de l’Etat, soit 47,4 millions de francs). Conséquence: s’il est validé par le Législatif cantonal, le projet sera soumis à une votation populaire, prévue en mars 2024. «Cette augmentation de 60 millions est à relativiser par rapport au potentiel de 580 millions d’investissement, mais elle est essentielle, car elle renforce les fonds propres d’une entreprise qui fait face à des défis colossaux. C’est une décision stratégique pour les transports publics de demain», résumait Didier Castella, président du Conseil d’Etat et du conseil d’administration des TPF, hier lors d’une conférence de presse.

L’argent frais que l’Etat de Fribourg, actionnaire majoritaire de TPF Holding, souhaite injecter vise également à réduire les emprunts bancaires et la charge d’intérêt qui va avec: des coûts qui pourraient s’avérer élevés pour les collectivités publiques qui indemnisent la compagnie de transport.

En considérant un taux d’intérêt sur les crédits bancaires de 3%, les économies peuvent être estimées à 1,8 million de francs par année, soit un total de près de 14 millions de francs pour la période 2023-2030, selon le Conseil d’Etat. «C’est une opération intéressante pour l’Etat. Elle rendra le développement plus rapide, plus simple et plus avantageux», estime le conseiller d’Etat Jean-François Steiert, à la tête de la Direction du développement territorial, des infrastructures, de la mobilité et de l’environnement. L’apport jugé probable des autres actionnaires des TPF, la ville de Fribourg et les CFF (lire ci-dessous), devrait permettre de porter cette économie à 2,4 millions de francs par an, précise le message du Conseil d’Etat au Grand Conseil.

La stratégie 2030 des TPF met l’accent sur le développement durable, ainsi que la consolidation de l’attractivité et de la robustesse du réseau de transports dans le canton. Ce développement répond aux objectifs de l’Etat de Fribourg, qui entend notamment renforcer l’offre de transport public pour réduire la part des transports individuels motorisés. En effet, le canton détient le record suisse de la possession de voitures, avec 1,44 auto par ménage, contre une moyenne de 1,15 dans tout le pays (La Liberté du 1er juillet)

Des bus électriques

Une bonne partie des investissements des TPF concerne le renouvellement du matériel roulant et la mise en place d’infrastructures de recharge pour les véhicules électriques. «Nous avons l’ambition d’avoir une flotte de bus de ligne 100% décarbonée pour 2033», expose Serge Collaud, directeur général des TPF, en précisant que l’entreprise compte aujourd’hui 26 bus électriques et 191 véhicules fonctionnant au diesel.

Une première étape est prévue d’ici à la fin de 2026 avec le trafic urbain. Les TPF prévoient de dépenser près de 113 millions de francs pour l’acquisition de 49 bus électriques, 26 trolleybus à batterie et l’infrastructure de recharge. Le trafic régional suivra dans un second temps, avec 144 millions de francs pour l’achat de bus électriques et à hydrogène (selon la maturité de la technologie), ainsi qu’un système de recharge.

En parallèle, près de 210 millions de francs sont prévus pour l’acquisition de 18 nouveaux trains à l’horizon 2030 et l’entretien du matériel ferroviaire. «La population, les générations futures et l’environnement profiteront des impacts positifs de la décarbonation. La qualité des prestations sera améliorée avec des véhicules modernes et confortables. Les nuisances seront réduites pour les voyageurs et les riverains», ajoute le directeur général, qui fait sans doute allusion à la problématique du bruit, rencontrée notamment sur la ligne Bulle-Broc Fabrique (La Liberté du 28 juin).

Près de 20 millions de francs doivent également être investis dans des plateformes de mobilité multimodale et de parc relais. Les TPF prévoient d’aménager ou de réaménager plusieurs gares routières à côté des haltes ferroviaires, notamment à Avry, à Bulle, à Estavayer, à Fribourg, à Givisiez, à Morat et à Romont. «Si certains projets sont en phase d’étude, d’autres n’ont pas encore commencé», précise le message du Conseil d’Etat au Grand Conseil.

Dettes élevées

L’apport du canton, qui vise à renforcer l’assise financière de la compagnie, sera versé à TPF Holding, puis transféré à TPF Trafic. Jusqu’à présent, les investissements de TPF Trafic ont été financés par ses fonds propres ou par des emprunts bancaires. La société fille a souffert de la crise du Covid. A fin 2022, ses dettes à court terme s’élèvent à 84,2 millions de francs, pour 329,3 millions de dettes à long terme. Les dettes à long terme ont augmenté fortement entre 2021 et 2022 en raison de l’acquisition, pour 30,3 millions de francs, de 14 rames de trains Domino aux CFF, après la reprise de l’exploitation de la ligne ferroviaire S40 Fribourg-Romont. Le financement a été rendu possible par des prêts bancaires.

Les fonds propres de TPF Trafic se montent à 85,8 millions. L’an dernier, la société a réalisé un bénéfice net de 7,2 millions de francs, mais ce résultat tient compte de deux produits extraordinaires: la perception d’indemnités de compensation pour l’année 2021 liées au Covid et le remboursement de l’assurance des TPF pour la pollution aux hydrocarbures survenue en 2019 à Givisiez.

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