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Forum/Courrier des lecteurs

Quel message du pape pour la COP 28?


20 novembre 2023 à 14:15

Temps de lecture : 1 min

Le Vatican a annoncé il y a peu que le pape François prendra part à la COP 28 (Conférence des Nations Unies sur le changement climatique) qui se tiendra du 30 novembre au 12 décembre à Dubai. Cette information vient ainsi confirmer des bruits de couloirs qui courraient depuis la publication, le 4 octobre, de l’exhortation apostolique Laudate Deum. Il s’agit d’un texte relativement court qui prolonge et actualise l’encyclique Laudato si’ publiée peu avant la COP 21 de Paris, en 2015. Le texte papal avait attiré alors toutes les attentions, y compris bien au-delà du lectorat traditionnel des textes pontificaux, et contribué ainsi au succès de la COP 21, avec le fameux accord de Paris.

Quel message le pape va-t-il délivrer à la COP 28? Va-t-il s’en tenir à la question climatique ou bien va-t-il présenter son analyse de causes profondes de la situation actuelle? La trame de la réflexion fondamentale du pape plonge ses racines dans Laudato si’, où la critique du «paradigme technocratique» occupe une place centrale. En effet, le pape voit dans ce paradigme la source des maux qui affectent aujourd’hui l’humanité: l’idolâtrie de la croissance et la soif de pouvoir. La combinaison de ces deux ingrédients produit des conséquences catastrophiques: inégalités et non-respect de la Création. Le paradigme technocratique que Laudato si’ identifie est plus que l’omniprésence de la technologie. Il s’agit d’un système qui repose sur trois composantes principales qui se renforcent mutuellement dans une interaction dynamique.

Première composante, la technocratie, le pouvoir, notamment économique, est détenu par ceux qui ont la connaissance et le contrôle de la technologie. Il est actuellement disproportionné. Deuxième composante, une rationalité technicienne dévoyée par son alliance étroite avec la finance et l’économie, ce qui se traduit par la prééminence des considérations de rentabilité financière dans les choix technologiques. Enfin, la troisième composante tient au fait que l’acquisition des nouvelles connaissances scientifiques et techniques s’obtient grâce à une spécialisation toujours plus poussée, qui empêche une approche plus intégrée des problèmes.

Il est toutefois peu probable qu’à la COP 28, le pape aille aussi loin dans son analyse qui est, dans ses conclusions, assez radicale. Il va préférer se limiter au climat, enjeu principal de la réunion. Le chemin de l’harmonie retrouvée avec la Création passe, pour le pontife romain, d’une part, par une «nouvelle démocratisation» qui tiendrait mieux compte de la voix des plus pauvres, qui sont aussi les plus exposés aux conséquences du dérèglement climatique. D’autre part, la COP 28, qui pourrait bien être la réunion de la dernière chance avant le point de non-retour annoncé par les climatologues, doit réussir, pour le pape, à mettre en place un mécanisme efficace de contrôle des engagements pris et de sanction en cas de non-respect. De cette manière, et en toute discrétion, la COP 28 pourrait, sans le clamer haut et fort, contribuer à fragiliser la véritable bête noire de François qu’est le paradigme technocratique.

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