Elections fédérales. où sont donc passés les artistes?

Démocratie » «Du changement, ou les couches-culottes! Les élections ont lieu, pour rappel, le 22 octobre.» Cri du cœur signé Sophie Hunger, paru dans Le Temps fin septembre alors que la chanteuse, discrètement installée dans un charmant village lémanique, découvrait l’affligeante politique familiale dans notre pays où enfanter et travailler ne riment toujours pas. «C’est pourquoi, chers conseillers aux Etats, soit vous faites votre travail maintenant, soit vous abandonnez vos fonctions et vous travaillez à plein temps à la garde de vos petits-enfants.» Ou quand les artistes suisses s’invitent sur une scène politique parvenue à son point d’ébullition quadriennal.

Comme de coutume, le grand chambardement électoral a été l’occasion pour les candidats de faire campagne autour de quelques marronniers: pouvoir d'achat, énergie, neutralité, climat… Et l’art dans tout ça? Grand silence dans le brouhaha des débats – pour une Hunger sortie du bois, tant de créateurs restés cois. La culture, jugée «non essentielle» pendant la pandémie, aurait-elle perdu toute force de proposition politique, au point que ses acteurs préfèrent désormais donner de la voix dans l’anonymat de l’isoloir plutôt que sur la place publique?

«Faire bouger les lignes»

On en retrouve une pourtant, petit matin, gare Cornavin. «S’il n’y avait que des artistes au parlement, il y aurait sans doute beaucoup plus de place pour l’innovation et l’imagination. Malheureusement, pour l’instant il n’y en a aucun!» milite Estelle Revaz, violoncelle sur le dos entre un concert la veille et une répétition à 9 h, distribuant aux pendulaires ensommeillés des flyers à son effigie souriante.