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One Piece, la ruée vers l’or

C’est une odyssée culturelle, un miracle éditorial. Parti à l’abordage du monde en 1997, le manga de tous les records voit son 100e volume publié en France


3 décembre 2021 à 09:33

Temps de lecture : 1 min

Neuvième art » Au milieu des rayons, dans l’impeccable alignement des couvertures bariolées: un gros trou. «Il y a eu beaucoup de monde ce week-end, et nous n’avons pas encore reçu le réassort», s’excuse Florian Poupelin, de la librairie Tanigami à Lausanne. Dédié au manga, cet antre nippon doit une grande partie de sa trésorerie à un infatigable chasseur de trésor: Luffy, héros de la série One Piece, dont les épisodes s’arrachent avant la sortie du tome 100 mercredi prochain.

A quelques jours de cet événement éditorial, le milieu manga est en ébullition. «On vend des anciens numéros tous les jours, et de plus en plus, constate le libraire. Nous avons commandé une cinquantaine d’exemplaires du nouveau volume, 120 pour notre enseigne genevoise, tout sera parti en une semaine. Quant à la version collector, nous n’avons pu obtenir que 20 pièces et la liste d’attente est immense. Le jour de la sortie, il faudra qu’on les cache!»

«Quant à la version collector, nous n’avons pu obtenir que 20 pièces et la liste d’attente est immense. Le jour de la sortie, il faudra qu’on les cache!»
Florian Poupelin

Une simple effervescence passagère née dans les cours d’école? Les lecteurs des années Pilote restés dans la case franco-belge sont souvent loin de prendre la mesure du phénomène: One Piece est la série de BD la plus vendue au monde, avec près d’un demi-milliard d’exemplaires écoulés depuis sa création. Par Toutatis! Astérix, avec ses 380 millions d’albums, n’a qu’à bien se tenir.

Croissance phénoménale

C’est une épopée culturelle et commerciale sans pareil, née de la plume d’Eiichiro Oda. Le discret mangaka a vu ses premiers chapitres paraître dans Weekly Shônen Jump en juillet 1997. Sa série, qui déploie les aventures d’un équipage de pirates en quête d’un mystérieux butin, était imaginée pour une décennie. Elle est toujours en cours. «Jamais auparavant une œuvre était restée au sommet du divertissement pendant si longtemps», s’étonne Hiroyuki Nakano, rédacteur en chef de cet hebdomadaire où One Piece continue, un quart de siècle après, d’être publié chaque semaine. Une cadence effrénée, si soutenue que le créateur dépassé par sa créature aurait avoué à son éditeur son envie d’en finir «le plus rapidement possible» avec cette odyssée loufoque.

«Jamais auparavant une œuvre était restée au sommet du divertissement pendant si longtemps»
Hiroyuki Nakano

Pas sûr toutefois qu’il puisse quitter le navire de sitôt: si le manga est un art au Japon, c’est également une véritable industrie, qui n’hésite pas à transformer ses artistes en galériens. Pour l’éditeur, cette quête du trésor a tout d’une ruée vers l’or. D’autant que Luffy, qui rêve de devenir Roi des pirates, ne semble pas disposé à réduire la voilure, lui qui navigue désormais en eaux internationales: la version anime vient de franchir la barre du millier d’épisodes, tandis que Netflix annonçait il y a quelques jours le casting d’une prochaine adaptation live.

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