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À l'attention de Nicolae Ceausescu. «Cher Dictateur...»

L’écrivain lausannois d’origine roumaine adresse une lettre au tyran Nicolae Ceausescu pour mieux s’en libérer. Un texte remarquable d’ironie et de courage, qui traverse l’histoire d’un pays, et la sienne


2 septembre 2022 à 15:29

Temps de lecture : 1 min

Eugène » D’abord, cela a prêté à sourire. «J’apprécie profondément votre acte historique d’instituer un sceptre présidentiel», télégrammait le facétieux Salvador Dali à Nicolae Ceausescu, président délirant de cette République socialiste de Roumanie bientôt transformée en dictature. Alors, cela n’a plus fait rire du tout. Tous ceux qui l’ont pu ont quitté ce régime totalitaire orné d’un palais absurdement pharaonique, doté d’une police secrète tyrannique et peuplé de centaines de milliers d’enfants abandonnés à leur sort dans d’effroyables orphelinats.

C’est à l’âge de six ans qu’Eugène, né à Bucarest, a pu rejoindre ses parents à Lausanne. Il en avait vingt lorsque l’autoproclamé «génie des Carpates» a été fusillé à la suite d’une parodie de procès. Et c’est à cinquante ans que l’écrivain, désormais enseignant à l’Institut littéraire de Bienne, s’est mis à écrire cette Lettre à mon dictateur (postée dès parution à l’adresse de son cimetière!), qui traverse avec une vivace éloquence l’histoire d’un pays, et la sienne. Un texte autobiographique remarquable d’ironie mais surtout de courage. Interview.

D’où est venu le besoin, à la cinquantaine, d’écrire au dictateur de votre enfance?

Eugène: L’idée est née d’un projet du Théâtre Le Reflet, à Vevey, qui demandait à des adolescents d’écrire une lettre inédite à quelqu’un. Une vingtaine d’autrices et d’auteurs avaient été conviés pour réagir en écrivant à leur tour. Comme la lettre que j’ai reçue m’a profondément touché, j’ai voulu répondre avec ma propre lettre inédite… à Ceausescu. Et après cinq lignes, j’ai compris que j’avais beaucoup plus à lui dire! Le moment était venu de faire le point sur ce que je lui dois, mais aussi sur ce que lui me doit. Car je continue à être invité dans les écoles pour parler de La Vallée de la jeunesse, ouvrage sorti en 2007, dans lequel je raconte parmi d’autres choses les 22 ans de sa dictature à des enfants qui n’en ont jamais entendu parler.

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