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Culture

Hannah Höch au Centre Paul Klee, à Berne. la force d’une artiste d’avant-garde

Mondes assemblés montre l’ancrage des collages d’Hannah Höch dans la pratique artistique et l’actualité de son temps.

Hannah Höch, Fata Morgana (Mirage), 1957. © Collection privée © 2023, ProLitteris, Zurich

5 janvier 2024 à 14:05

Exposition » On reste frappé, au Centre Paul Klee, à Berne, par le (petit) format des œuvres, jusqu’à la miniature: pas de démonstration comme dans l’art de certains de ses contemporains, on l’imagine assise à sa table plutôt que debout devant une toile. Les collages d’Hannah Höch n’élèvent pas le ton, leur voix s’impose tout en finesse. Et pourtant elle était absolument aux prises avec son temps. Au sortir de la Première Guerre mondiale, l’artiste allemande est la seule femme à faire partie du groupe dadaïste de Berlin. Les rapides progrès techniques se retrouvent mis en scène dans son travail, avant que la montée du nazisme ne finisse par la pousser à se retirer en son jardin, dans un exil intérieur.

L’exposition Mondes assemblés, à voir encore jusqu’au 25 février, documente ses liens forts avec l’avant-garde artistique et sa pratique réceptive aux autres formes d’art. En particulier au cinéma naissant qui, dans les années 1920, était particulièrement ouvert à l’expérimentation. C’est du rapprochement avec le cinéma, qui offrait une nouvelle manière de voir le monde, que viennent les termes de «montage» ou de «photomontage» utilisés à l’époque pour parler du collage.

Etrangeté

La disposition thématique de l’immense espace d’exposition provoque des juxtapositions, crée une chambre d’échos, tire des fils qui traversent toute sa vie créatrice. A l’instar du cubisme de Braque, Picasso ou Léger, qui n’est pas étranger à la fragmentation et à la recomposition du collage, technique qu’elle a contribué à découvrir et qu’elle a fidèlement cultivée et développée jusqu’à sa disparition en 1978, à l’âge de 88 ans. L’expressionnisme et l’abstraction, l’influence d’un Kandinsky ou d’un Klee, ou les jeux de lumière en noir et blanc d’un film de Man Ray, marquent indubitablement son regard.

A voir Kadenz, on mesure tout son travail sur le rythme, les formes, les couleurs, les structures: un travail très plastique. Qui peut à l’occasion être inspiré de l’écoute de la musique de Mozart ou de Verdi. Mais si elles jouent sur la forme, les œuvres imaginées par Hannah Höch questionnent aussi le fond, les images de magazines d’actualité, les illustrés ou les publicités qui lui servent de matière première. Alors que l’esthétique du collage est à la mode, la propagande soviétique s’en sert par exemple pour glorifier le progrès industriel, Hannah Höch au contraire le remet en cause: s’il y a une mise en scène des mêmes éléments figuratifs, comme des cheminées d’usine, ce n’est jamais au premier degré, mais toujours dans une forme de doute. D’autant que la tendance à l’abstraction reste forte chez elle.

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