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Cinéma. s'embarquer dans un voyage existentiel «En roue libre»

Marina Foïs et Benjamin Voisin s’embarquent dans un étrange road movie existentiel. Bonne surprise

Marina Foïs et Benjamin Voisin, un duo improbable à la Harold et Maude, mais qui fonctionne.

28 juin 2022 à 15:08

En roue libre » Réunir deux personnages que tout oppose et leur faire prendre la route… Le procédé n’est pas nouveau, mais il est efficace. On l’a vu dernièrement avec Green Book de Peter Farrelly, qui mettait en scène un pianiste de jazz noir et son chauffeur italien sur les routes du sud des Etats-Unis. En roue libre en fait une nouvelle démonstration, mais le film de Didier Barcelo lorgne quant à lui plutôt du côté d’Harold et Maude, long-métrage cultissime signé Hal Ashby, en 1971. Il en retient en tout cas le goût de l’excentricité ainsi qu’une certaine propension à déconstruire les conventions sociales par l’humour.

Alors qu’elle vient de se prendre une énième prune en laissant son vieux break Volvo garé en dehors des cases, Louise (Marina Foïs) pète un plomb. Infirmière au bord de la crise de nerfs, elle prend la route sans but. En proie à une sorte de crise de panique, elle se rend alors compte qu’elle est physiquement incapable de sortir du véhicule. Louise tente de faire passer son mal étrange en avalant les kilomètres mais seule une panne sèche met fin à son périple. Perdue, apeurée, elle se recroqueville sur la banquette arrière, quelque part au bord d’une route de campagne. Pendant la nuit, Paul (Benjamin Voisin), une petite frappe, vole le véhicule sans se douter qu’il est en train de kidnapper Louise. C’est le début d’un étrange road movie existentiel à travers les paysages de l’ouest de la France.


Un casting convaincant

Didier Barcelo: Ce nom ne vous dit rien, et c’est bien normal. Fils de pub depuis de nombreuses années, il s’est fait un nom dans l’art de la réclame télévisuelle en travaillant pour Volkswagen, Ikea ou Canalsat. En roue libre marque donc son passage officiel du petit au grand écran. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, son long-métrage n’a rien d’un produit formaté que l’on vendrait à grands renforts d’effets de manche clinquants et ampoulés. C’est même exactement le contraire.

Le casting, en premier lieu, réunit des comédiens confirmés et suffisamment doués pour porter cette histoire étrange. Marina Foïs est comme à son habitude excellente, à la fois fragile et hilarante, tandis que le jeune Benjamin Voisin, fraîchement césarisé pour Illusions perdues de Xavier Gianoli, offre un contrepoint canaille fonctionnant à merveille. Ajoutez-y une galerie de seconds rôles efficaces – dont Jean-Charles Clichet le sosie de Claude François dans la série OVNI(s) sur Canal+ – et le tableau de famille a fière allure.

Une virée attachante

Thématiquement, En roue libre célèbre ceux qui rompent avec la société et prennent un chemin de traverse. Mal dans sa peau, à bout de forces, cette Louise nous offre une réflexion existentielle plus profonde qu’il n’y paraît, elle qui est abandonnée de tous. Dommage que le jeune Paul ne bénéficie pas de ces nuances d’écriture. En effet, il s’inscrit dans la longue tradition du voyou à la petite semaine, un brin téléphonée.

C’est d’ailleurs le principal reproche que l’on peut faire à ce film: après un départ excitant de par sa singularité, il rentre vite dans le rang au fil d’une intrigue cousue de fil blanc. Reste un charmant duo de comédiens qui assume pleinement l’excentricité du projet et qui nous offre une virée drôle et attachante qui culmine dans le cadre enchanteur du Cap-Ferret. Bon voyage.

En roue libre

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