Cinéma. la vie est une chienne

Dog » Le retour à la vie civile lorsqu’on est un ranger de l’armée américaine souffrant d’un syndrome post-traumatique ne va pas de soi. Ainsi pourrait-on simplement résumer la thématique du premier film de Channing Tatum derrière la caméra (avec l’aide de Reid Carolin). Ce long-métrage s’inscrit donc dans la longue tradition hollywoodienne du film de vétéran cabossé dont émergent plusieurs chefs-d’œuvre: Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino ou Taxi Driver de Martin Scorsese pour ne citer que deux d’entre eux. Autant ne pas ménager le suspense… Dog n’est pas exactement de cette trempe. Mais tout n’est pas à jeter non plus dans cette comédie canine.

Briggs (Channing Tatum lui-même) est un ancien ranger en mal de mission en raison d’une violente commotion cérébrale. Il prépare des sandwiches dans une station-service pour gagner sa croûte en rêvant que l’administration daigne bien le renvoyer au front. Mais c’est une mission bien particulière qui va lui être confiée. Briggs est mandaté pour amener Lulu, une chienne berger malinois de la brigade canine, également atteinte de stress post-traumatique, aux funérailles de son maître, un militaire récemment décédé. C’est le début pour ce drôle de duo d’un road trip le long de la côte ouest des Etats-Unis, entre l’Oregon et la ville frontière de Nogales, en Arizona.

Cousu de fil blanc, épais

Au programme: des paysages à couper le souffle et des séquences émotion patriotiques qui réchaufferont le petit cœur tout mou des Américains. Sans oublier l’inévitable roman d’amitié homme-bête qui fera verser une larme à nos amis cynophiles. Nos amis cinéphiles, eux, seront toutefois un peu moins gâtés. Cousu de fil blanc – du bon fil, au moins l’épaisseur d’un câble de chargeur de téléphone – Dog rassemble tous les clichés possibles et imaginables. Oui, cette chienne énervée va mettre notre héros dans l’embarras avec les filles. Oui, Lulu va attaquer des pauvres types qui passaient par là. Oui, Lulu va bien sûr sauver son nouveau maître. Oui, évidemment que le vieux pick-up va tomber en panne… Et bien entendu Briggs et Lulu arriveront tout de même au dernier moment à l’enterrement.

Dog réserve tout de même quelques bons moments de comédie.

Mais si l’entreprise est prévisible dans des proportions à faire rougir Madame Soleil et que les seconds rôles n’ont jamais véritablement le loisir d’exister au cours de ce long périple, Dog réserve tout de même quelques bons moments de comédie. Bien rythmé, le film fait montre d’une certaine efficacité et quelques gags ne sont pas à l’abri de faire mouche. La bande-son, quant à elle, mélange allègrement country, folk, rock classique et rap vintage… Un mélange accessible qui donne envie de fredonner et siffloter en tapotant sur le volant.

Vite vue, vite oubliée, cette histoire de rédemption humaine et d’amitié canine ne réinvente pas la roue mais ne tourne pas complètement à vide non plus.